Table
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Efficacité et validité des sacrements
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Eglise
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Le sacrement n’est pas
simplement un « rite » ou un acte « cultuel », il est
d’abord un « signe » visible qui nous révèle un « mystère »
- invisible mais réel - de la vie. On pourrait interpréter de cette
manière :
révèle le mystère de la Naissance d’une vie qui vient de
Dieu. |
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révèle le mystère la Croissance
qui est l’œuvre de l’Esprit. |
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L’Eucharistie
(Communion) |
révèle le mystère de la vie
comme une Offrande, un Don |
Le
Pardon (Confession) |
révèle le mystère de la
Réconciliation . |
révèle le mystère de l’Amour |
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révèle le mystère de la « guérison ». |
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révèle le mystère de la vie
comme « service ». |
Le Sacrement n’est pas une lotion
magique, c’est une grâce (gratuite) que Dieu donne à ceux qui le désirent. Mais
l’acceptation d’une grâce engage celui qui accepte, à vivre « selon la
grâce reçue ». C’est exactement comme dans l’amour : quand on dit
« oui » à quelqu’un, on s’engage à l’aimer dans la fidélité.
« Etre baptisé, ce n’est pas être purifié des souillures
extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite, et
participer ainsi à la résurrection de Jésus-Christ… » I°
Lettre de Pierre 3, 21
C’est pourquoi, l’accueil d’un sacrement
exige un temps de préparation (réflexion et prière). Les demandes doivent toujours être faites à la paroisse où on habite
(même si la célébration a lieu ailleurs)
La date d’une célébration ne peut être
fixée sans qu’un premier contact préalable ait eu lieu avec la paroisse.
Célébrations non
sacramentelles :
LE SACREMENT DU VIEILLISSEMENT
Avec leur densité particulière, les actions
symboliques et rituelles sont au coeur de la tradition chrétienne. L'Eglise est
visible et puissante dans Le ministère sacramentel - quand elle baptise
quelqu'un appelle a devenir disciple du
Christ, qu'elle confirme pour fortifier Le chrétien dans l' action et qu' elle
célèbre Le Seigneur dans la fraction du pain. II existe une interprétation influente
de cette activité symbolique, comme nous l'avons fait observer au chapitre
deux, qui repose sur une intelligence des rites de passage. Selon cette
interprétation, un sacrement est un rite (une action symbolique d'une
communauté) qui concerne une période critique et dangereuse, un temps de
passage, dans la vie d'une personne. Ce peut être un passage vers la vie
(Le baptême), vers l'intimité matrimoniale et l'engagement (Le sacrement de
mariage), ou vers la mort (sacrement des malades). Les rites
associes à l’ordination
concernent le passage d'un rôle a un
autre, d'une identité a une autre. Le point
fondamental est que la personne qui en arrive à
ce point de passage se trouve en danger: elle laisse
derrière elle une
identité et se situe donc, en ce moment particulièrement expose, « entre» deux
identités. Un sacrement est l'acte symbolique et public d'une communauté (se sentant, comme c'est Le cas de
la communauté chrétienne, dotée de pouvoirs par Dieu) qui a L’intention de
fortifier L’ individu pendant toute la crise qu' entraîne ce dangereux
passage.
Ce n' est qu' au siècle dernier qu'
on a distingue une nouvelle étape de croissance dans la vle adulte. Une longévité prolongea a ajoute plusieurs
décennies a L’age adulte, des décennies
durant lesquelles nous pouvons profiter de la vle et contribuer a la vle elle-même d'une manière différente. La retraite n'est pas seulement le seuil de la maladie et de la mort; elle peut représenter la transition vers une étape nouvelle et importante de maturité adulte. Cette étape de
maturité et Le passage qui y conduit demandent une nouvelle attitude ministérielle de la part de
l'Eglise. Nous allons examiner cette transition vers étape finale de la vle adulte en termes de sacrement
du vieillissement.
Par « retraite », nous voulons designer
ici Le phénomène général qui consiste a laisser une identité
active, spécifique, rattachée à un rôle dans la communauté
humaine, pour passer à une étape où
l' on est relativement moins actif, et où l' on n'exerce pas de rôle spécifique Regardons d'un
peu plus près Le passage en question. Au moment de la retraite, j'ai l'impression
que la société me retire mon identité ]e ne suis plus avocat, commerçant, secrétaire; je
suis a la retraite. Les anciennes
fonctions avalent chacune quelque chose de caractéristique et une valeur
propre (comme la somme d'argent gagnée, Le statut dans la communauté, etc.). L'individu qui prend
sa retraite perd ces signes (voire, ces valeurs) identité personnelle; il passe d'un mode
de vie, rempli d'indicateurs de valeur et d'utilité, a un autre mode de vie - OU tous les indicateurs sociaux suggèrent L’inutilité et la
non-identité. La société qui m'a appris a répondre a la question« Qui êtes-vous? »avec la réponse «]e suis avocat
/ commerçant / secrétaire », ne me laisse maintenant aucune réponse valable. II semblerait
que c'
est
précisément ce passage
critique qui demande une réponse sacramentelle au ministère de L’Eglise.
Comment une communauté chrétienne
répond-elle, sacramentellement ou non, à une
personne qui n'a plus d'identité et d'utilité sociales? D'une réponse, qui découle
plus de la séduction de la culture que des richesses d'une tradition religieuse,
consiste à inventer des rôles de
remplacement pour les personnes d'un age avance : Donnez-Leur quelque chose it faire (n'importe quoi!) pour qu'elles
puissent ainsi se fabriquer une identité de remplacement et échapper à un sentiment d'inutilité.
Mais il y a une autre réaction qui plonge plus fermement ses racines dans
Le contexte religieux. Cette réponse consiste à
célébrer inutilité de la personne. Pendant de nombreux siècles et dans
beaucoup de cultures, comme nous l' avons dit précédemment, les traditions
religieuses se sont soulevées contre Le fait d' identifier un individu à son utilité dans la société. Le profond
sentiment qu'une personne ne mérite pas par elle-même ses relations avec Dieu,
que les bonnes références venant de la société ou des fonctions n'indiquent pas
nécessairement la valeur personnelle, pénètre la spiritualité chrétienne On ne
dépend pas de facteurs tels que Le statut social, Le salaire ou les
certificats de bonne conduite, pour garantir ses relations avec Dleu. Cependant,
malgré les meilleures intuitions de nombreuses traditions religieuses, les
sociétés et les cultures veulent insidieusement nous convaincre que c'est par
notre utilité que nous sommes juges et que nous devons nous juger nous-même.
La critique religieuse de cette
attitude « mondaine », comme on l'a
vu plus haut dans ce chapitre, prend souvent la forme d'une insistance sur Le
dépouillement. L' objectif est toujours de se dépouiller de ce qui assure
faussement l' estime que nous nous portons à nous-même et de contrecarrer les efforts que nous faisons pour
justifier notre propre valeur, pour accumuler finalement les bonnes références
qui prouvent à tout Le monde (même si
l'on est même Le dernier à erre
convaincu) que l' on vaut quelque chose. Le fait est que le passage à la retraite accomplit ici exactement cela. II dépouille
une personne de ce qui est peut-être Le soutien Le plus vigoureux de 1'estime qu'il se porte a même, son rôle social et son utilité Au moment de ce dépouillement, de la
mort a
un
ancien style de vie, Le ministère de l'Eglise ne doit pas consister a substituer des identités de remplacement, en prolongeant ainsi Le
jeu profane, mais a célébrer ce dépouillement qui se cree. L'Eglise peut assurer 1'individu que cette
perte d' identité sociale ne signifie pas la mort au sens religieux. Tandis qu'elle se soucie
de 1'individu à la retraite (avec, au besoin, une aide
économique, un soutien affectif qui est toujours nécessaire), elle
proclame la bonne nouvelle de son inutilité La personne qui avance en age devient
maintenant un signe pour la communauté de ce a quoi la communauté a
toujours cm - a savoir que Le chrétien n'est pas justifie ou évalue par
Le travail, Le succès ou les références élogieuses. La société, si
ironique que cela puisse paraître, remplit une fonction religieuse en
dépouillant L’ individu de son rôle social et de son identité; 1'Eglise n'a qu'a saisir cet
évènement en 1'interpretant dans un sens religieux, en assurant la
personne qu' on n'a pas besoin de faire que/que chose pour faire
partie de cette communauté On n'a pas a « gagner » constamment Le
respect des autres.
La communauté va certainement prévoir des
rôles et des activités pour ses membres parvenus a la maturité - mais non
pas comme moyens propres a leur faire gagner Le respect. La communauté
utilise les nombreux talents des personnes âgées, mais non pas pour prouver
leur utilité. Par une aide économique, des conseils, un soutien affectif, la
communauté religieuse célèbre cette étape de la vle ainsi que sa caractéristique spécifique : sa kenosis des bonnes
références et sa louange de l' inutilité.
Ainsi, parmi les rites de passage
éducatifs qui peuvent erre d'un grand secours, on peut indure la reconnaissance
rituelle ou liturgique du nouveau statut de la personne dans la communauté. On peut
recourir aux références bibliques sur la sagesse dans l’age mur pour
élaborer un rituel par lequel une personne âgée est introduite dans cette étape
nouvelle de la vie, tandis que la communauté en reconnaît à
la fois les dangers et les chances spécifiques. Ce rituel doit explicitement inviter
ces croyants d'age
mur a porter le témoignage du sens
religieux de leur existence et de leur vle chrétienne. Grâce à cette reconnaissance de leur nouveau
statut religieux, les personnes du troisième age figurent au sein de la
communauté chrétienne comme des signes - des sacrements - d'une vérité
plus large, a savoir qu'au fond
la vle est un don, et que nous ne « gagnons » pas notre passage en ce monde. Par le sacrement du vieillissement et
par les actions communautaires et éducatives qui le sous-tendent, l'individu d' âge mur est seconde pour
célébrer cette étape de la vle, pour passer du désespoir et d'un intérêt
compulsif pour le passe a l'appréciation
du présent - inaugurant, par anticipation, « l'inutilité » d'une vie sans fin avec Dieu.
Evelyne Eaton Whitehead et James D. Whitehead : Les
étapes de l’âge adulte
Ed Centurion, Paris 1990 p. 241