Le Sacrement de l’Ordre Evêque – Prêtre - Diacre |
Le mot Ordre est étranger au
Nouveau Testament. Il désignait dans le Rome antique chacun des trois corps
sociaux parmi lesquels se répartissaient tous les citoyens : les
sénateurs, les chevaliers et le peuple. Dans l’Eglise, il distingua, dès le
second siècle, le clergé du peuple. Les détenteurs du ministère apostolique,
évêques, prêtres et diacres, constituent donc, avec les ministères inférieurs,
l’ordre du clergé, tandis que les autres baptisés constituent l’ordre des laïcs
ou le peuple. A l’intérieur du clergé, on distingue l’ordre des évêques,
l’ordre des prêtres et celui des diacres. Chacun est promu à son ordre
respectif par l’ordination, que confère l’imposition des mains de l’évêque.
C’est là le sacrement du ministère apostolique.
Dans le ministère apostolique,
certaines fonctions majeures relèvent à un titre spécial du sacerdoce du
Christ, telle la charge pastorale à le tête de chaque communauté de croyants,
la garde de l’intégrité de la foi dans l’annonce du Message de salut, la
présidence de toutes les assemblées où l’on célèbre les sacrements, en
particulier celles où est conféré le don de l’Esprit et où le pain et le vin
sont changé au corps et au sang du Seigneur, ainsi que l’usage du pouvoir de
remettre les péchés.
Mais tout le peuple de Dieu
n’est-il pas un peuple sacerdotal (1 Pierre 2,5.9) ? Il convient donc
d’éclairer la distinction et la relation qui existe entre le sacerdoce
baptismal des fidèles et le sacerdoce ministériel des évêques et des prêtres.
L’un et l’autre participent au sacerdoce du Prêtre unique, le Seigneur
jésus-Christ.
La Lettre aux Hébreux expose
longuement comment le Christ, Fils de Dieu et frères des hommes, est le Grand
Prêtre de la Nouvelle Alliance. Prêtre non par appartenance à la famille
d’Aaron, mais par appel de Dieu, consacré par son incarnation, il a offert sur
la croix le sacrifice de réconciliation en s’immolant lui-même. Son sacrifice,
offert dans l’Esprit et agréé par le Père, lui a donné accès au Saint des
Saints dans le ciel et a fait de lui le Médiateur entre Dieu et les
hommes : Par une unique offrande, il a rendu parfaits à perpétuité
ceux qui reçoivent la sanctification (Hébr 10,14).
La réflexion chrétienne ultérieure
devait élargir la notion purement sacrificiel du sacerdoce du Christ. S’il est
sacrificateur, il est aussi prophète et pasteur ou roi de son peuple. C’est là
le triple aspect de son sacerdoce.
Le
peuple sacerdotale
Saint Pierre applique au peuple baptisé la parole que le Seigneur avait dit au
peuple Israël : Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres et une
nation consacrée (Ex 19,6). Il invite les chrétiens à devenir un
sacerdoce saint, en vue d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu
par le Christ (I Pierre 2,5,9). Pour Paul, les membres du corps du Christ
participent au sacerdoce de leur chef. Aussi peut-il dire : Je vous
exhorte, frères, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à
Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre (Rom12,1).
C’est donc la communauté des croyants en tant que telle qui est sacerdotale.
Chacun de ses membres doit faire de sa vie une offrande, un sacrifice à Dieu.
Les fidèles exercent leur sacerdoce en participant à la liturgie, spécialement
en offrant le sacrifice eucharistique, mais aussi dans toutes leurs activités
familiales et sociales. C’est là qu’ils porteront témoignage au Christ et
rendront raison de l’espérance qui est en eux (Vatican II, Lumen Gentium 10).
Le sacerdoce des évêques et des prêtres
diffère essentiellement de celui des fidèles, bien que « l’un et l’autre,
chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du
Christ ». Sacerdoce plénier des évêques, sacerdoce de collaborateurs des
évêques pour les prêtres, il confère à chacun de ses détenteurs « un
pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le
rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple
tout entier » (Vatican II ibid.).
Les allocutions qui ouvrent la
liturgie de l’ordination de l’évêque et des prêtres mettent en lumière leurs
charges respectives :
Par le ministère de l’évêque,
c’est le Christ qui continue d’annoncer la Bonne Nouvelle et de dispenser aux
croyants les sacrements de la foi ; par la paternité spirituelle de
l’évêque, c’est lui qui agrège à son propre corps de nouveaux membres ;
par la sagesse et la prudence de l’évêque, c’est lui qui guide (le peuple de
Dieu), dans son pèlerinage terrestre, jusqu’au bonheur du ciel.
Les prêtres sont institués pour
être collaborateurs des évêques, associés à eux dans la fonction sacerdotale au
service du peuple de Dieu. Configuré au Christ, Prêtre souverain et éternel, le
prêtre est consacré pour annoncer l’évangile, pour être le pasteur du peuple de
Dieu et pour célébrer la liturgie, surtout en offrant le sacrifice du Seigneur.
Voir aussi « Diaconat permanent »
Le diacre ne participe pas au
sacerdoce ministériel, il est établi pour le service de l’évêque et de tout el
peuple de Dieu.
Le diacre a pour mission d’aider
l’évêque et ses prêtres dans le service de la parole, de l’autel et de la
charité, en se montrant le serviteur de tous.
La prière d’ordination du diacre
détaille ensuite ses diverses fonctions. On y voit entre autres que le service
de la parole confié au diacre déborde le domaine de la célébration liturgique.
L’évêque peut l’envoyer « porter la parole de Dieu aux incroyants et aux
croyants »
Dans l’ordination, le Saint-Esprit
est conféré à l’évêque, aux prêtres et aux diacres par l’imposition des mains,
mais d’une manière particulière pour chaque ordre. Tous les évêques présents
imposent les mains à celui qui entre dans le collège des successeurs des
apôtres. L’évêque et les membres du presbytérium imposent les mains à celui qui
devient prêtre. Dans l’ordination des diacres, seul l’évêque leur impose les
mains. Le sacrement marque d’une empreinte, que nul ne peut faire disparaître,
l’évêque et le prêtre, configurés au Christ prêtre, ainsi que le diacre,
configuré au Christ serviteur.
Pierre Jounel La célébration des sacrements
Desclée 1983 p. 618
Fin