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Multiplier le ministère de l’accueil

Cardinal François Marty – Paris 1979

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L’accueil à l’église est diversement fréquenté selon les quartiers de Paris. Très peu dans certains paroisses où il suffit une structure légère ; énormément dans d’autres où l’on a mis au point, avec le concours des laïcs, une organisation parfois très poussée.

Mais ce service de l’accueil doit prendre d’autres dimensions. C’est la paroisse tout entière qui doit vivre « en état d’accueil ». Si l’accueil consiste à recevoir celui qui se présente, il va aussi au-devant de ceux qui n’osent venir ou n’attendent rien. Il traduit la prévenance de Dieu.

Ainsi compris, le ministère diversifié de l'accueil revêt une grande-importance. Il prolonge la «charité pastorale » pour laquelle les prêtres sont ordonnés et dont l'évêque doit être le premier témoin. Nous parlons beaucoup d'équipe, de groupe, de communauté et c'est cela qu'il faut construire. Mais il y a loin du projet à sa réalisation. Dans certains îlots

d'habitation où l'on ne fait que passer, la paroisse n'aura guère eu le temps d'entreprendre autre chose que d'accueillir.  Mais il arrive que le simple accueil, dans ce monde de l'éphémère, prenne une importance décisive pour l'orientation d'une vie.

Et puis il y a tout ce que Paris compte de défavorisés et d'exclus, de détresses qui ne s'avouent pas, de solitaires dans le haut des vieux immeubles. C'est là qu'il faut « porter l'accueil ». Lors de la dernière visite ad limina des évêques de la province d'Ile de France, le Pape Paul VI avait intensément souligné l'importance de l'hospitalité dans notre grande agglomération parisienne. «L'hospitalité: une vertu évangélique première ». avait-il dit...             

Enfin le ministère de l’accueil ne s'arrête pas au fonctionnement de dispositifs adaptés à la géographie humaine d'un quartier, ni à la manifestation multiforme du dévouement des chrétiens. Il doit faire l'objet d'un partage, se déployer en prière, ouvrir sur la contemplation. Rien de ce qui peut se passer dans un secteur de la ville ne devrait rester étranger aux chrétiens, ni le meilleur ni le pire. Ils ont mission de tout remettre entre les mains du Christ, dans la joie ou dans l'intercession. 

Inscrire les personnes et les événements dans la vigilance et la prière de la communauté: telle est l'autre dimension de l'accueil. Quand les chrétiens veillent et prient, c'est le Christ qui veille et prie. L'accueil qu'ils pratiquent est aussi le sien. Ainsi, unis ensemble à leur Seigneur, élèvent-ils une sorte de protestation victorieuse contre l'engloutissement de l'histoire, le terrible ensevelissement de toutes choses dans l'oubli. La merveille de justice et d'amour que personne n'a remarquée, le drame noir qui n'aurait accroché les passants inattentifs que le temps d'une émotion, sont alors retenus. Et la promesse d'éternité qui rejoint toutes choses trouve dans le temps son commencement de réalisation.

 

Nb. Le Cardinal Marty était le Rapporteur du Décret sur le Ministère et la vie des prêtres au Concile Vatican II.

Citation : « L’art de gouverner ne consiste pas à rendre souhaitable ce qui est possible. Il consiste à rendre possible ce qui est souhaitable. ».

Cf . Daniel Escoulen : François Marty, évêque de France , Edition du Rouergue 1991.

       Même auteur : Fioretti du cardinal Marty DDB 1994