L’Eglise n’est pas fondée
vraiment, elle ne vit pas pleinement, elle n’est pas le signe parfait du Christ
parmi les hommes si un laïcat authentique n’existe pas et ne travaille pas avec
l’hiérarchie. L’Evangile ne peut s’enfoncer
profondément dans les esprits, dans la vie, dans le travail d’un peuple, sans
la présence active des laïcs. Par conséquent, faut-il dans la fondation d’une
Eglise déjà, apporter une très grande attention à constituer un laïcat chrétien
qui atteigne sa maturité.
Les laïcs qui sont fidèles, appartiennent à la fois
au peuple de Dieu et à la société civile ; ils appartiennent à leur
nation ; ils y sont nés ; ils ont commencé à participer par
l’éducation, à ses trésors culturels, ils sont liés à sa vie par des liens
sociaux de forme multiple ; ils sentent ses problèmes comme étant les
leurs propres, et ils s’appliquent à
les résoudre ; ils appartiennent aussi au Christ, parce qu’ils ont été
régénérés dans l’Eglise par la foi et le baptême afin d’être au Christ par leur
vie et leurs actions nouvelles, afin aussi que dans le Christ tout soit soumis
à Dieu, et qu’enfin Dieu soit tout en tous.
Leur principal devoir à
eux, hommes et femmes, c’est le témoignage du Christ, qu’ils doivent rendre par
leur vie et leurs paroles, dans leur famille, dans leur groupe social, dans
leur milieu professionnel. Il faut donc qu’apparaisse en eux l’homme nouveau
créé selon Dieu dans la justice et la sainteté véritable. Ils doivent exprimer
cette nouveauté de vie dans le milieu social et culturel de leur patrie, selon
les traditions nationales. Ils doivent connaître cette culture, la purifier, la
conserver, la développer selon les situations récentes, afin lui donner sa
perfection dans le Christ, afin que la foi du Christ et la vie de l’Eglise ne
soient plus étrangères à la société dans laquelle ils vivent, mais commencent à
la pénétrer et à la transformer. Ils doivent se joindre à leurs concitoyens
avec une charité sincère, afin que dans leur comportement apparaisse un nouveau
lien d’unité et de solidarité universelle, puisée dans le mystère du Christ.
Ils doivent aussi répandre la foi du Christ parmi ceux auxquels ils sont liés
par la vie et la profession ; cette obligation s’impose d’autant plus que
le plus grand nombre des hommes ne peuvent entendre l’Evangile et connaître le
Christ que par les laïcs proches d’eux.
Bien plus, là où c’est possible, les laïcs doivent être prêts, en une
collaboration plus immédiate avec la hiérarchie, à remplir une mission spéciale
pour annoncer l’Evangile et communiquer la doctrine chrétienne, afin de rendre
plus vigoureuse l’Eglise naissante.
Les ministres de l’Eglise
doivent estimer à haut prix l’apostolat difficile des laïcs ; ils doivent former les laïcs pour que, comme membres du Christ,
ils prennent conscience de leur responsabilité à l’égard de tous les
hommes ; ils doivent les instruire profondément dans le mystère du Christ,
les introduire aux méthodes pratiques, être avec eux dans les difficultés, selon
la pensée de la Constitution Lumen gentium et du Décret Apostolicum
actuositatem.
Les fonctions et les
activités propres des pasteurs étant bien respectées, la jeune Eglise toute
entière doit rendre un seul témoignage vivant et ferme du Christ, afin de
devenir un signe évident du salut qui nous arrive dans le Christ.
Concile Vatican II Décret « Ad gentes » - L’activité
missionnaire de l’Eglise - §21