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« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur »
Vatican II Constitution « Gaudium et Spes » Art.1
Les chrétiens participent
aux actions humanitaires proposées par les organismes mondiaux et en
particulier à celles menées par les services diocésains concernant les
problèmes de la faim, du développement, de la santé, de l’emploi et du
logement…
On ne peut pas revenir sur la solidarité démocratique
Jean‑Louis Laville est sociologue, professeur au CNAM (LISE, CNRS‑CNAM)
et codirecteur du Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique‑LISE
(CNRS).Auteur d'un Dictionnaire de l'autre économie (Desclée de Brouwer), il
revient ici sur l'origine de la solidarité et voit dans ses nouvelles formes
l'occasion de remettre l'économie et les rapports économiques au centre du
débat public.
La
solidarité est‑elle un concept moderne ? Quand apparaît‑elle ?
La
solidarité apparaît dans le vocabulaire philosophique moderne au XIX° siècle
avec Pierre Leroux, Selon lui, la solidarité est la nouvelle forme de lien social
lié à la démocratie. A partir du moment où la démocratie est ouverte à tous, où
l'on introduit la notion d'égalité entre les citoyens, dit‑il, à la
charité succède la solidarité. La charité implique en effet une dissymétrie des
rapports entre le donateur et le donataire. L'inégalité n'est plus possible
quand on est dans une société qui dit que les hommes sont libres et égaux. La solidarité est ce lien social qui unit des citoyens libres
et égaux. Cela n'implique pas que la charité disparaisse. Un certain nombre de
personnes qui sont dans une situation plus favorable prennent en compte les
difficultés des autres. C'est de la philanthropie. Mais au‑delà de la
charité, de la philanthropie, il y a la solidarité démocratique. Tout un
ensemble de pratiques va se développer autour de cette notion, notamment la
libre association dans les années 1830‑1848, autour de l'organisation du
travail... Lorsqu'on s'efforce de trouver une organisation sociale qui essaye
de mettre en pratique cette égalité, on se rend compte que le marché ne suffit
pas à intégrer tout le monde. L'idée centrale est donc que la solidarité peut
être un élément intégrateur, un lien social fondateur d'une économie fraternelle,
solidaire...
Une
autre manière d'aborder la solidarité apparaît à travers l'école des
solidaristes (Bourgeois, Durkheim ...). Leur propos est de dire que nous avons
une dette sociale que chacun s'engage à respecter parce qu'il est membre de la
société et qui l'amène à passer un "quasicontrat" avec ses
semblables. Ce n'est pas un engagement individuel volontaire, mais un
engagement vis‑à‑vis de la collectivité dont l'État doit assurer le
respect par l'obligation. La solidarité passe alors par l'action redistributive
de l'État.
Mais
la solidarité ne se limite pas à cette action de l'État...
II
convient de distinguer la solidarité horizontale et la solidarité verticale. La
première consiste en une auto-organisation des individus pour résoudre des
problèmes communs (associations, syndicats...). La solidarité verticale est
constituée par l'action correctrice de l'État qui permet que les inégalités ne
se perpétuent pas éternellement. La société fonctionne sur deux piliers : le
marché et l'État social. Ce dernier est tout à fait nécessaire, mais un certain
nombre de problèmes ne peuvent pas être résolus par l'État et nécessitent des
actions communes. Ces deux conceptions restent actuelles.
La solidarité démocratique ne se trouve‑telle
pas aujourd'hui remise en cause par la montée de l'individualisme ?
On
assiste à un retour en force d'une certaine philanthropie. C'est une
régression. Comme il y a eu toute une remise en cause de la bureaucratie de
l'État, on en est arrivé à remettre en cause l'idée même de l'action
redistributive, de service public. Aujourd'hui, on dit qu'il suffirait de la
philanthropie, que les gens n'auraient que les solidarités qu'ils choisissent.
C'est dangereux car c'est un vecteur d'exclusion, puisqu'on est plus souvent
solidaires avec ceux qui nous ressemblent... On voit aussi l'arrivée d'une
philanthropie d'entreprise : un paternalisme, mais généralisé, mondialisé.
Sous prétexte de responsabilité sociale des entreprises, ces dernières
affirment qu'elles n'ont plus besoin du contrôle de l'État, qu'elles vont
s'auto‑organiser...
Au
fond, il y a deux projets distincts : le marché au centre de la société
complété par la philanthropie privée mais non obligatoire, et l'action
philanthropique de l'État qui assure la redistribution. De fait, je pense que
la philanthropie peut aider à résoudre un certain nombre de problèmes. Mais
c'est une tromperie de faire croire qu'elle est suffisante. Elle doit être
relayée par une solidarité démocratique. Ce partage entre la solidarité philanthropique
et la solidarité démocratique est très important. C'est l'enseignement majeur
des deux derniers siècles. On ne peut pas revenir sur cette solidarité
démocratique.
Comment comprendre la multiplication de
nouvelles formes de solidarité ?
Quand on parle de nouvelles solidarités, il est
important de voir que le rapport à la solidarité a évolué. Je ne crois pas que
la société ne soit qu'une société individualisée. On a vu renaître des modes
d'engagement plus concrets, limités à certains enjeux. Les gens ont besoin de
refonder des rapports de solidarité mais aussi de voir les effets directs de
cette solidarité. Cette multiplication des formes pose des difficultés de deux
ordres. II y a des préoccupations différentes et des acteurs différents. II
faut établir là un lien qui n'est pas évident. Elles n'auront pas d'avenir si
chacun reste enfermé dans sa propre case. L'autre problème tient au fait que
les formes de solidarité privées ou associatives ne doivent pas remplacer
l'action des acteurs collectifs comme l'État, mais s'articuler avec elle. Par
exemple en interpellant ces acteurs
collectifs, en leur proposant des solutions et en
faisant pression pour qu'elles soient appliquées.
Comment voyez‑vous l'avenir et
l'évolution de la solidarité ?
Les
nouvelles formes de solidarité ont permis de reprendre pied sur ce qui a été
soustrait au débat public, c'est‑à‑dire l'économie. Cela me paraît
très intéressant. Le libéralisme triomphant affirmait que l'économie était un
domaine d'experts, qui se décidait loin de chez nous, à Wall Street, à
Londres... II n'y avait plus à discuter de l'économie. En parallèle, on a
assisté à une perte de légitimité de la démocratie avec une défiance envers les
élites. Nous ne sommes pas encore sortis de cette crise mais il est apparu,
notamment avec ces formes de solidarité, certaines évolutions qui peuvent
redonner espoir : les gens se rendent compte qu'il existe des possibilités d'intervention
à leur niveau dans leur vie quotidienne. Comment on épargne ? Comment on
produit ? Comment on consomme ?Ils peuvent remettre en cause les pouvoirs de
certaines grandes entreprises. II y a toute une dynamique, au moins partielle,
afin de sortir de l'inéluctable... Au niveau économique, des formes de
consommation, de production plus solidaires et respectueuses de l'environnement
prouvent qu'il existe une autre économie qui ne va pas contre la société.
Message du Secours catholique
juillet-Août 2005
Avec
le CCFD (Comité Catholique contre
la Faim et pour le Développement)
Campagne de Carême pour les enfants,
les jeunes et les adultes.
Avec
la Conférence de Saint Vincent
Avec
le Secours
Catholique :
Avec
les familles et les amis : enfants
du catéchisme, jeunes de l’Aumônerie et scouts de France…
Parrainage des enfants et aides
médicales pour les malades au Vietnam.