Table des matières |
|
Hiérarchie |
LE PRESBYTERIUM
Pourquoi un « collège » des prêtres ?
Les textes du concile
Vatican II décrivent le presbyterium de deux manières. D’abord comme l’ensemble
de « tous les prêtres,
en union avec les évêques » et
qui « participent à
l’unique sacerdoce et à l’unique ministère du Christ », ainsi que
l’explique le décret Presbyterorum
ordinis (n° 7). Mais ce
texte du Concile sur les prêtres définit aussi le presbyterium comme l’unité
des prêtres d’un même diocèse autour de leur évêque.
« Chaque membre de ce
presbyterium noue avec les autres des liens spéciaux de charité apostolique, de
ministère et de fraternité : c’est ce que la liturgie exprime depuis l’Antiquité
quand elle invite les prêtres présents ensemble avec l’évêque qui ordonne à
imposer les mains au nouvel élu et quand elle les rassemble, unanimes, dans la
concélébration de la sainte Eucharistie »,
résume Presbyterorum ordinis (n° 8).
Quelle est l’origine du presbyterium ?
Les textes qui décrivent
l’organisation de l’Église des premiers temps soulignent bien son caractère
collégial. Au collège des Apôtres, avec Pierre à sa tête, succède « un ensemble de ministres
qui constituent un ministère principal, collégial et diversifié, écrivent les P. Michel Mounier et
Bernard Tordi. Il ne s’agit
pas d’un “super-ministère” coiffant les autres, mais d’un collège de
ministres qui assure une responsabilité d’ensemble de l’Église (1) ».
Rapidement, la figure de
l’évêque émerge de ce collège comme le décrit saint Ignace d’Antioche dès le IIe siècle
quand il souligne qu’il y a, dans chaque Église, « un seul évêque avec le
presbyterium et les diacres, mes compagnons de service » (Lettre aux Philadelphiens,
4). Au IIIe siècle, en même temps que se dessine la triple
hiérarchie évêque-prêtres-diacres, le presbyterium comme collège de prêtres
sera bien défini, ainsi que le montrera le pape Corneille qui décrit à son ami
l’évêque Cyprien de Carthage comment des prêtres dissidents ont comparu et fait
repentance devant « l’assemblée
des prêtres »(Lettre 49).
Aux siècles suivants, les
prêtres seront envoyés par l’évêque au service des communautés éparpillées dans
les bourgs et campagnes où ils prendront plus d’autonomie, au détriment de la
dimension collégiale de leur ministère. C’est ce contre quoi va vouloir réagir
le concile Vatican II en réancrant le ministère sacerdotal dans le
presbyterium antique. Changement significatif : Vatican II parle
d’ailleurs plutôt du presbytérat que du sacerdoce, soulignant aussi qu’il veut
passer « du sacerdoce
voué essentiellement au culte, à un ministère tourné vers l’apostolat (1) ».
D’où la volonté du Concile de rattacher la mission des prêtres à celle des
évêques.
Qu’implique l’appartenance au presbyterium ?
Dans la constitution
dogmatique Lumen gentium,
Vatican II décrit donc le ministère des prêtres en étroite union avec
celui de l’évêque. « En
raison de cette participation au sacerdoce et à la mission de leur évêque, les
prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui obéir
respectueusement », souligne le texte (n° 28). En retour, « l’évêque, lui, doit
considérer les prêtres, ses coopérateurs, comme des fils et des amis, tout
comme le Christ appelle ses disciples non plus serviteurs, mais amis » (Lumen gentium, 28). Presbyterorum ordinis viendra ensuite préciser que les
évêques doivent « se
préoccuper, autant qu’ils le peuvent, de leur bien, matériel d’abord, mais
surtout spirituel », notamment
en ce qui concerne « la formation
permanente » (n° 7).
Le décret leur demande aussi « qu’ils sachent les écouter
volontiers, les consulter même, et parler avec eux de ce qui concerne les
exigences du travail pastoral et le bien du diocèse ». Pour cela, il prévoit la création d’« un
conseil ou sénat de prêtres, représentant le presbyterium (…) qui devra être en mesure
d’aider efficacement l’évêque de ses conseils pour le gouvernement du
diocèse ».(lire les repères)
Enfin, l’appartenance à un
même presbyterium implique une « intime
fraternité » entre ses
membres. « Cette
fraternité doit se manifester spontanément et volontiers sous forme d’aide
mutuelle, tant spirituelle que matérielle, tant pastorale que personnelle, dans
les réunions et la communion de vie, de travail et de charité », explique Lumen gentium (n° 28). Presbyterorum
ordinis (n° 8)
développera cet aspect, insistant sur l’entraide et la compréhension entre
prêtres d’âge différents, l’hospitalité et le partage.« Qu’ils
s’occupent en particulier de ceux qui sont malades, découragés, surmenés,
isolés, chassés de leur patrie ou persécutés », insiste le texte
conciliaire pour qui « cette
communion dans le sacerdoce doit amener les prêtres à se sentir spécialement
responsables de ceux d’entre eux qui éprouvent des difficultés ; ils
sauront, au bon moment, leur apporter leur soutien et, s’il y a lieu, leur
faire des remarques discrètes. Avec ceux qui ont connu la défaillance sur
certains points, ils feront toujours preuve d’amour fraternel et de
générosité : ils prieront Dieu pour eux avec insistance et veilleront
sans cesse à être vraiment à leur égard des frères et des amis. »
Nicolas Senèze
-------
Le conseil presbytéral
Le code de droit canonique
définit le conseil presbytéral comme«
la réunion des prêtres représentant le presbyterium qui soit comme le sénat de
l’Évêque, et à qui il revient de l’aider dans le gouvernement du diocèse »
(canon 495).
Peuvent l’élire ou y être élus non seulement « les prêtres séculiers
incardinés dans le diocèse » mais aussi « les prêtres séculiers non incardinés
dans le diocèse, ainsi que les prêtres membres d’un institut religieux ou d’une
société de vie apostolique qui, résidant dans le diocèse, y exercent un office
pour le bien du diocèse » (canon 498).
Même s’il n’a que « voix
consultative », ce conseil doit être entendu par l’évêque (qui le préside) « pour les affaires
de plus grande importance » (canon 500, § 2), notamment la convocation d’un
synode, la suppression, la création ou la modification des paroisses, la
création des conseils pastoraux paroissiaux, la destination des offrandes et
impôts spéciaux, la construction ou la destruction d’une église.