Table

Homélie du Pape Benoît

Sacrements

 

LE BAPTEME

COMME UNE ENTREE DANS L'EGLISE

 

 

1° Sortir pour entrer.

Présenter un enfant au baptême c'est reconnaître que I'enfant appartient à Dieu, il n'est pas « la chose >> de ses parents. De fait, on ne décide pas de baptiser ou de ne pas baptiser I'enfant. Ce pouvoir-là ne nous appartient pas, car I'enfant est une créature de Dieu, c'est Dieu qui donne la vie, les parents ne la donnent pas, ils la transmettent seulement : baptiser c'est donc reconnaître cette réalité, ne:pas baptiser c'est ne pas la reconnaître. Si le baptême libère l'enfant du « péché originel »>, il le libère de ce péché-là: le péché des parents qui prennent la place de Dieu, qui veulent imposer leur volonté, leur puissance, leur « image » à un enfant.

 

2° Entrer dans l'Eglise qui est «communauté ».

Sorti du ventre maternel, I'enfant entre déjà dans une communauté familiale dont la fonction essentielle est de le préparer à la vie en société. L'Eglise est un lieu d'apprentissage et de vérification de cette vie en société, parce qu'elle n'est pas enfermée dans les relations affectives de type familial, ni dans les relations d'intérêt de type social. L'Eglise est une communauté de Foi, fondée sur la confiance sans limite en I'homme et sur la fidélité de Dieu.

 

3° Quel baptême avons-nous reçu ?

Le baptême de Jean pour la « conversion ». Ce baptême nous fait « sortir » de nous-mêmes (moi, ma famille, mon pays, ma religion...). Ce baptême nous lave de cette tâche « originelle », instinctive et foncièrement égocentrique. Ce baptême nous aide à voir plus loin que notre nombril, à dépasser le stade animal des besoins, pour atteindre le niveau humain du désir. Tant qu'on reste tranquillement et confortablement «chez soi », on n'est pas sorti de ce « péché originel ».

Le baptême de Jésus donne l'Esprit. Or I'Esprit est la communion du Père et du Fils. Et la communion fait vivre la Sainte Trinité. « Allez dans le monde entier, faites des disciples et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Ce baptême nous introduit non pas à une « religion », au sens des rites, ni dans une (« église » au sens du clocher, mais dans une vie de communion à I'image du Père du Fils et du Saint-Esprit. Une vie donc de dialogue continu et de partage total.

 

4° De quel baptême vivons-nous ?

Le Baptême de Jésus, puisqu'il donne I'Esprit de vie, nous « consacre » : nous ne vivons pas pour « traîner une existence », nous vivons pour construire. Cela suppose que nous avons une mission et des fonctions. « Par le baptême, le Dieu tout-puissant, Père de notre Seigneur Jésus-Christ t'a libéré du péché et t'a fait renaître de I'eau et de I'Esprit. Toi qui fais maintenant partie de son peuple, il te marque de l'huile sainte pour que tu demeures éternellement membre de Jésus-Christ, prêtre, prophète et roi ». Prêtre pour offrir sa vie. Fondamentalement, le chrétien n'est pas chrétien pour soi-même, pas non plus pour « sa » famille en tant que telle, ni pour « sa » paroisse, ni pour « son » Eglise...Le « moi » n'a de sens que par rapport au «nous ». Au mariage, chaque conjoint déclare « je me donne à toi » et « pour nous aimer fidèlement... ». Prophète pour parler: parler de la vie (Dieu), parler de soi comme une annonce de vie (Dieu). La vie en tant que telle, la vie en tant qu'avenir. ll y a une différence entre le dire prophétique et le dire discours : la valeur d'une parole se trouve dans le fait qu'elle dit quelque chose de moi, qu' elle vient du fond de moi. Roi pour rassembler et gouverner. Cela réclame nécessairement notre engagement à la communication et à la responsabilité. Exercice difficile de communion et d'organisation. Pourtant cela montre et démontre le génie de l'être humain. La paroisse qu' est l'Eglise à Montesson est un lieu exceptionnel pour vivre la grâce du baptême dans l'exercice de cette triple fonction royale, prophétique et sacerdotale.

P. Jean-Baptiste, curé

Extrait du BP. n°46 le 9 février 1997