OBSEQUES DE XAVIER THEVENOT
Eglise Saint Jean Bosco - Paris 20° rue Alexandre Dumas - Jeudi 19 Août 2004
Évoquer la vie du Père Xavier Thévenot
conduit à faire état d’une longue période de souffrance. Le premier symptôme de
la maladie est apparu en 1979. Xavier était alors âgé de 41 ans. Cela fait donc
25 ans qu’il s’est battu avec un mal dont les méfaits sont allés en
s’amplifiant pour l’emporter implacablement, malgré tous les efforts déployés
par les médecins pour l’enrayer.
De 1972 à 1994, l’enseignement à l’Institut Catholique de Paris a
constitué sa mission centrale, entouré d’un bon nombre de conférences, de
publications d’articles dans les revues, les journaux. Cela représente 22
années dont la plupart vécues avec le mal qui progressait.
C’est donc là le tragique d’une vie – nous dirons plutôt le
mystère d’une vie – qui s’annonçait tout autrement. Xavier avait de réelles
possibilités dans le domaine scientifique. Après le Baccalauréat C à l’époque,
et donc à dominante mathématique et physique, il a continué sur cette lancée à
Caen, en obtenant une licence en sciences. Par conséquent, si nous nous
référons à la trilogie salésienne de la raison, de la religion, de l’affection,
Xavier avait su cultiver le domaine de la raison.
Il faut croire que cela constituait pour lui un socle solide pour
la suite de son parcours de type universitaire, mais qui, sur la demande du
Responsable Provincial Salésien, devait s’orienter vers la théologie et plus
précisément la théologie morale. C’est un Doctorat en théologie qui vint
couronner une période de recherche, de réflexion intense en 1980. Xavier était
alors prêtre depuis 12 ans puisqu’il avait été ordonné à St Dizier le 21
décembre 1968. Le pôle de la religion a donc connu chez Xavier un rôle
essentiel, déterminant, en relation étroite avec celui de la raison. Xavier
enseignait la théologie, mais pas comme un savoir neutre pour sa vie. Le
message chrétien, il le portait dans son cœur, dans toutes les fibres de son
être. Par un choix libre, il était devenu salésien religieux en 1959.
Ayant ainsi décidé de vivre la vie chrétienne à la manière de Don
Bosco, il lui revenait de développer une autre dimension de l’être salésien,
celle de la proximité, de l’accueil cordial, emprunt de bonté. Proche, Xavier
l’était vraiment de sa famille, de ses frères salésiens, de ses amis
enseignants, de ses étudiants, de ses visiteurs. Il était d’un abord facile, ne
craignant pas, au milieu même de sa maladie, d’agrémenter la conversation par des traits d’humour. Proche il l’était
surtout des personnes connaissant une vie affective quelque peu difficile.
Toujours il a cherché à leur permettre « de trouver peu à peu et librement
des chemins d’humanisation et de bonheur ». A ses yeux il s’agissait d’une
mission spécifiquement salésienne, à la suite de Jean Bosco dont le visage
l’avait fasciné dès son jeune âge puisqu’il fréquentait le dynamique patronage
de St Dizier et qu’ensuite il était élève à l’ESTIC, une école salésienne de la
même ville. Tout au long de sa vie il a tenu à son identité salésienne.
Nous disons donc « adieu » aujourd’hui à un
homme de cœur qui a su faire fructifier les talents reçus. A présent nous recueillons les fruits de son
labeur, de son travail, de ses efforts consentis jusqu’à l’extrême limite de
ses forces.
C’est Monseigneur Joseph DORE, archevêque de Strasbourg,
enseignant pendant quelques années, comme Xavier, à l’Institut Catholique de
Paris, puis Doyen ensuite de la Faculté de Théologie, qui préside la
célébration d’adieu à notre frère, salésien, prêtre.
_________________________
Homélie de
Soeur Geneviève Médevielle , S.A.
« Geneviève, Xavier Thévenot va
désormais entrer dans le grand silence ! », voilà ce que me disait Xavier à la veille
de la Toussaint, bien conscient des forces qui déclinaient et du temps qui lui
était désormais compté. Ce jour est arrivé et rien ne peut empêcher qu'on ne
soit atteint, ému et bouleversé par ce silence qui vient signer la mort d'un
frère et d'un être cher, la perte d'un maître qui aura beaucoup compté,
l'absence d'un merveilleux conseiller et accoucheur de vie.
Oui, Xavier, va nous manquer. On ne
pourra plus lui rendre visite, lui apporter encore une petite gâterie, lui
offrir une rose. On ne pourra plus rire à son humour ou se laisser surprendre
par ses jeux de mots. On ne pourra plus lui demander conseil‑ Il faudra
se débrouiller tout seul. Mais il nous reste la mémoire de ce qu'il nous a dit
ou enseigné : une parole pour la vie.
A
travers la lecture de Ben Sirac le sage, nous avons reconnu notre frère et
notre maître : dans sa vie de service et de souffrance et dans sa manière libre
et courageuse de donner des conseils et d'accompagner. Libre et d'une audace
réfléchie, il aimait penser pour nous aider à accoucher de nous‑mêmes.
Libre de tout intérêt personnel, il nous invitait à prendre toujours souci du
pauvre et du petit dans nos discernements. « Ayez toujours un pauvre dans la
tête ! », nous disait‑il. Libre, il invitait chacun, après l'avoir éclairé,
à se tenir fidèlement à l'écoute de son propre coeur1. Libre, enfin,
il savait qu'on ne pouvait être moraliste chrétien sans une volonté de se
donner totalement à l'accueil de la Parole de Dieu2. Outre cette
mémoire, il nous reste sa dernière leçon, celle d'aujourd'hui, puisqu'en
pédagogue «impénitent»3 qu'il était, il a voulu choisir les textes
de cette liturgie qui nous rassemble une dernière fois autour de lui.
Xavier
Thévenot, le moraliste, le sage et le pédagogue, aurait sans doute aimé qu'en
ce jour, nous prenions le temps de cette confrontation au silence, au vide et à
la perte, sûr que pertes et désillusions sont fondamentales au processus
d'humanisation. Ce sont elles, disait‑il dans ses cours, qui permettent
au petit d'homme, de devenir peu à peu un être de parole prenant sa place au
sein des échanges sociaux4. Oui, la logique qui anime toute
existence humaine, digne de ce nom, passe par la perte d'un premier mode
d'attachement afin de trouver les relations qui intègrent le réel de l'échec,
de la frustration et de la mort. Comme l'or au creuset, éprouvé et dénudé,
Xavier a été travaillé par tout cela pendant la longue épreuve de la maladie. A
l'école de Ben Sirac le sage, il a su que seul un homme affecté par le manque,
l'épreuve, l'adversité, l'humiliation et le véritable travail d'espérance peut
gagner le statut de sage et nous enseigner les chemins de la vraie vie.
En ne faisant pas l'économie du
silence, de 1a perte, du deuil, de la désillusion et de la finitude, nous
suivons ce que le théologien moraliste nous a appris de la vertu curative et
clinique du réel. La question du sens finit toujours par sortir victorieuse de
la confrontation au réel, nous disait‑il. Pour le dire avec les mots que
Xavier affectionnait, silence et perte conduisent chacun de nous à « élaborer
le désarroi »5 provoqué par cette confrontation à l'absence.
Xavier l'avait bien compris lorsqu'il
méditait toute la sagesse anthropologique du Samedi saint6. Il
aimait entendre à travers le Stabat Mater de F. Poulenc le séisme qui frappe
l'entourage de Jésus. La mort, même lorsqu'elle est inéluctable et vue comme
une délivrance des souffrances infligées par une longue maladie est toujours
vécue comme scandaleuse tant l'inconscient aspire à l'opposé. Croyants ou non,
la mort ne peut pas nous laisser paisibles, elle nous plonge toujours dans le
désarroi : car si nous savons bien qu'il est naturel de mourir, y consentir
n'est jamais évident. La mort nous fait plonger dans la réalité finie, dans
cette réalité de « poussiéreux » aurait aimé dire Xavier. La mort nous renvoie
tous au mystère de l'existence, à la question du sens de la vie et à ce qui
fait son prix. Il nous faut donc l'affronter.
Voie difficile. Mais seule voie vraiment
humaine. Seul le genre humain sait prendre le temps de la célébration du deuil.
Nous en sommes les témoins aujourd'hui : chacun a interrompu ses vacances, son
temps de retraite spirituelle ou ses activités pour être là, se recueillir et
confesser le poids d'une existence et celui de l'épreuve. Tout travail
d'espérance qui n'intègre pas cette vérité est par avance invalidé et peu
conforme à l' Evangile, écrivait Xavier .
En méditant théologiquement le silence
du Samedi saint, Xavier avait compris que se laisser travailler par la mort,
c'était se laisser travailler par la vie et que de là dépendait l'accès au
véritable visage de Dieu. Trop de nos désirs infantiles8 voudraient
effacer toute trace du tragique de la souffrance et de la mort dans nos vies.
La discrétion de Dieu et son silence nous font violence. Nous aimerions un Dieu
puissant et triomphant, compensateur et surprotecteur capable de répondre
instantanément à nos demandes les plus folles. Or, voici que la compassion de
Dieu déjoue ce type d'attentes et ne nous conduit pas à faire l'économie du
temps et du deuil. C'est tout l'enseignement du récit des compagnons d'Emmaüs
que Xavier aimait commenter dans ses cours.
La mort de Jésus, le silence de Dieu et
le vide du sabbat invitent à un travail : accueillir du sens là où n'apparaît
que le vide. Un travail qui, pour reprendre les mots de Xavier, « manie la
subtile dialectique » des paroles du Christ sur la croix qu'il s'agit de faire
nôtres. Une parole d'incompréhension. « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as‑tu
abandonné ? » Le dessein de Dieu est devenu si obscur que le questionnement
existentiel peut conduire à nous faire formuler des reproches à Dieu. Et une
parole de folle confiance parce que Dieu ne peut pas faillir à sa promesse. : «
Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Aux heures d'intense souffrance,
Xavier a compris le poids de ces paroles et a osé les faire siennes.
Mais, le récit des Pèlerins d'Emmaüs le
montre à l'évidence, c'est là un travail impossible sans la présence du Ressuscité
qui ouvre à l'intelligence des Ecritures9. C'est lui qui peut
permettre le travail de deuil du samedi saint en travail de pâques. Xavier
aimait contempler cette présence du Ressuscité aux côtés des deux compagnons
désespérés : une présence discrète, respectueuse de nos lenteurs, de nos
désarrois et même de nos doutes les plus profonds. Une présence qui d'abord
épouse nos interrogations humaines avant de les accompagner dans un lent et
nouveau travail d'interprétation des événements à travers la relecture des
Ecritures. « Du coup, chacun peut commencer à se convertir, à sortir de la
sidération produite par le malheur et à opérer peu à peu le passage du désastre
au désir » , écrivait Xavier10.
Le récit de Luc est clair : parce que
le Ressuscité se fait discret et n'impose pas une reconnaissance totale de son
identité, les compagnons peuvent exprimer le désir du « Reste avec nous ».
Alors, quand les coeurs sont prêts, le Ressuscité peut par le geste du pain
rompu se révéler dans toute la puissance de l'amour du Fils livré pour la
multitude. Celui qui accueille ce geste du corps livré et se laisse convertir
par lui, celui‑là sait alors qu'il est vain de retenir pour soi le
Vivant. C'est pourquoi ce dernier peut disparaître sans provoquer un nouveau ‑désastre,
mais ouvrir à la joyeuse communication avec les autres croyant11.
Paradoxe typique de l'Evangile, aurait aimé ajouter Xavier : « ce qui comble
les attentes produit une joie qui rend incrédule ; ce qui sépare engendre une
joie qui ouvre à Dieu ».12
Puissions‑nous à notre tour
comprendre l'appel adressé dans cette méditation pascale et y répondre comme
l'a fait Xavier. Il nous faut croire à sa suite « qu'un tel Dieu fait vivre »13
et qu'à la suite du Ressuscité « la fin de l'existence terrestre n'est pas le
néant, mais Vie dans la communion avec Dieu et avec tous les saints.»14 Alors avec lui nous ne craindrons pas de
lâcher prise et d'avancer en eau profonde. C'est là que le Seigneur nous attend
!
___________________________________________________________________
1 Xavier Thévenot aimait parler du
recours « à la mémoire du coeur » . En citant l'exemple de Marie, il décrivait
cette mémoire de la façon suivante : « Une mémoire qui puisant dans la Parole
de Dieu, dans les événements de l'histoire d'Israël, et dans les faits
marquants de son propre devenir, permet de relier l'excès de l'expérience
présente à l'histoire du salut ». in Avance
en eau profonde !, Paris : DDB/Cerf, 1997, p. 37.
2 Intervention de Xavier Thévenot du 7
décembre 1998 lors de la remise du livre d'hommage Une parole pour la vie.
3 Lors de la remise du livre d'hommage
le 7 décembre 1998, Xavier reconnaissait avec humour qu'il restait « décidément
un enseignant impénitent qui profite de tout pour placer ses messages ».
4 « Samedi saint. Travail d'espérance »
, in Avance en eau profonde !, Paris:
DDB/Cerf, 1997, p. 92.
5 Idem, p.
93.
6 Idem, p.
93.
7 Idem, p.
93.
8 Idem, p.
94.
9 « Jésus fait semblant, ou le Dieu
discret ! » , in Avance en eau profonde
!, Paris : DDB/Cerf, 1997, p. 105‑106.
10 Idem, p.
106.
11 Idem, p.
106.
12 « Pâques : incrédules pour cause de
joie ! » , in Avance en eau profonde !, Paris
: DDB/Cerf, 1997, p. 98.
13 Idem, p. 107.
14 « Une espérance sans déni du
tragique », in Avance en eau profonde !,
Paris : DDB/Cerf, 1997, p. 102.
Publié le Vendredi 20
octobre 2006
Voici la suite de l’article
sur Xavier Thévenot :
« A le lire, on se sent devenir plus intelligent
» remarque Xavier Lacroix, Xavier Thévenot fut un éveilleur. Véronique Margron
parle d’« un maître, un ami, un témoin, un veilleur, un passeur d’humanité, ami
de Dieu et ami des hommes» et Marie- Jo Thiel d’un « Sentinelle du sens».
Son herméneutique est celle de la sagesse de
vivre, une sagesse qui se rappelle la place de l’altérité dans la recherche du
juste. La Vérité n’est jamais toute faite, elle est l’aboutissement d’une
recherche, inséparable du rapport à l’humain. Les hommes sont en manque de
vérité et le souci du moraliste est de favoriser pour chacun une lecture de son
existence qui lui permette de s’approprier sa propre vie, surtout celle qu’il
n’a pas choisi de vivre.
V. Margron en parle comme d’un « homme de Dieu »
qui, à l’image de Jonathan dans l’Ancien Testament (1 Sa 14, 13) est celui qu refuse
un monde résigné et qui, accompagné par Dieu, peut traverser, aller là où « la
terre exulte.» Son enseignement
s’articule autour de trois enracinements, l’éducation préventive salésienne à
l’exemple de Don Bosco, la spiritualité de saint François de Sales et l’expérience
de la souffrance. Marie-Jo Thiel nous rappelle que sa pensée est aussi le
reflet de sa vie. Alors que jusque là il parlait « de » la souffrance comme
sujet de réflexion, à partir des années 1986/87, il se situe à partir d’elle
comme d’une compagne de chaque instant. C’est un « je » qui lutte contre la
maladie, à la recherche de l’espérance. Un
tournant qui se traduit par un nouveau vocabulaire. Si le théologien ne revient
pas sur la définition de la morale, mais il lui fait subir un déplacement.
L’enjeu de combat moral est la « quête du sens », la quête du bonheur trouvé en
répondant à la question éthique : « inventer le sens de la vie.» L’éthique
devient « une quête de sens allant contre de l’absurde ». L’enjeu du combat
moral est la question du sens « ce à quoi le genre humain s’oblige quand il
veut donner sens, faire sens.»
Cette recherche est favorisée par la quête du
Dieu de Jésus Christ : « La contemplation de Jésus, spécialement de Jésus sur
la croix, peut être (pour la personne souffrante) d’un grand secours pour
tracer la direction à tenter de conserver dans ces moments régressifs. Jésus
apparaît, en effet, comme celui qui ne cesse de se décentrer de lui-même pour
s’ouvrir à l’autre. Même quand il est entrain de vivre la souffrance extrême du
crucifiement, il se préoccupe, comme on l’a vu, de sa mère, du disciple bien-
aimé, de son compagnon de supplice, de ceux qui l’ont rejeté. Voilà ce qui
humanise dans la croix de Jésus ! Voilà ce qui est rédempteur ! Non pas les
souffrances en elles-mêmes, mais ce mouvement vers l’autre qui est le mouvement
de l’amour toujours en quête du pour-autrui. »
· Disciple de Don Bosco, Xavier Thévenot
pédagogue et accompagnateur spirituel Dominique
Fily, Job Inisian, Jean-Marie Petitclerc, Suzanne Blois, ainsi que d’autres
frères et sœurs salésiens de Don Bosco, le professeur Guy Avanzini mettent en
valeur un aspect que les universitaires connaissent moins, Xavier Thévenot
comme pédagogue et éducateur. Ils nous renvoient à quelques ouvrages sur ce
sujet. Citons en particulier :
- Compter sur Dieu, Chapitre X, p. 211-254
- Eduquer à la suite de Don Bosco, collectif,
DDB, Paris1996
- La pédagogie de Don Bosco, Tomes I et II, Ed.
Don Bosco, 2004.
Les trois piliers de cette
fidélité à la pédagogie de Don Bosco sont la raison, l’affection et la
religion. On ne peut écarter l’un sans que tout s’écroule.
L’éducateur a le soucis, non seulement d’aimer,
mais que le sujet se sente aimé. Il cherche à éduquer par la joie à la joie,
par la confiance à la confiance. Il sait l’affection toujours perfectible ;
l’éthique rejoint la pédagogie dans cette quête de grandir vers plus
d’humanité. Une pédagogie de la confiance et de l’alliance qui conjugue amour
et loi, appelée à se vivre dans la fidélité.
Jean-Marie Petitclerc, éducateur spécialisé,
applique les caractéristiques de Don Bosco à Xavier Thévenot qu’il rencontra
d’abord comme maître des novices et à qui il doit d’avoir persévéré dans sa
vocation : - profondeur de l’intuition ; - enracinement dans l’expérience
- simplicité de la théorisation ; - capacité à
mobiliser des disciples.
Nous entendrons aussi avec émotion plusieurs
témoignages qui parlent de Xavier Thévenot comme accompagnateur. Des souffrance
vécues ou accompagnées, sur un chemin qu’il a aidé à parcourir, dans une
relation personnelle ou à travers ses ouvrages. Des écrits « coulant d’une
source lumineuse et universelle, qui touchent au niveau de la foi » dira
Françoise. Blaise-Kopp, psychologue.
Emmanuelle Pravieux retient cet appel qu’elle a
pu entendre au cœur de sa propre souffrance pour l’humaniser la souffrance, non
à la diviniser. Elle nous invite à relire « le
travail symbolique de Marie »
Sentinelle du sens jusqu’au bout de sa vie, à la
suite du Christ. Xavier Thévenot rappelait lui-même que la dignité de chaque
homme se révèle au cœur même des extrémités de la souffrance et de l’absurdité
qui pourraient conduire raisonnablement à tout abandonner : « Foi, espérance,
amour, vécus dans la liberté de l’Esprit, et ce jusque dans la nuit des sens et
la perte du sens de ma vie, telles sont les attitudes qui doivent structurer
tout respect de la dignité d’autrui, surtout quand l’aiguillon de la mort se
fait ressentir. »
Xavier Thévenot, disciple de Jésus Christ qui a
vécu jusqu’au bout l’expérience pascale, une expérience vécue dans son cœur et
dans son corps.
C’est de cette ouverture envers l’autre, à
travers la douleur, dont témoignaient tous ceux qui l’ont rencontré les
derniers temps.
Jusqu'au dernier jour, ce prêtre de Jésus Christ
a unifié sa vie autours du sacrifice du Christ mort et ressuscité, s’efforçant
encore quelques heures avant sa mort de prononcer les paroles de la
consécration comme le rappela avec émotion le père Lunven avec qui il
concélébra sa dernière messe.
Laissons les derniers mots à cet ami tellement
présent pendant ces deux jours, mots illustrés par sa vie, qui nous rappellent
qu’être chrétien, c’est toujours être traversé par « Une espérance sans dénie
du tragique » :
« Etre témoins de la résurrection, célébrer
l’eucharistie, c’est donc être conduit à assumer une joyeuse tension. Quand,
habité par le bonheur de vivre, je risque de bâtir mon histoire dans une
espérance « folle » qui me ferait oublier le malheur des hommes, le Christ
sollicite ma responsabilité : « rappelle-toi mon corps torturé à cause du péché
du monde, et que ta foi en moi ne te détourne pas du combat de l’amour et du
pardon en faveur de tes frères. » Quand, à l’inverse, fasciné par l’excès du
mal dans le monde, je me laisse aller au désespoir, le Christ réveille ma foi :
« rappelle-toi le matin de Pâques, et fie-toi en ma promesse d’une terre
nouvelle et de cieux nouveaux. »
Je crois qu’il s’agit là d’une « joyeuse
tension.» Cela me rappelle à bon escient que la joie évangélique n’est pas
systématiquement du coté de la détente psychique. »
Marie-France
BERGERAULT
Deux derniers ouvrages parus sont à signaler :
- Une pensée pour des temps nouveaux, Ed. Don
Bosco, Paris 2005
- Ethique pour un monde nouveau, (Ouvrage qui
contient Repères éthiques, Les péchés, Souffrance, bonheur, éthique,) Ed.
Salvator, 2005
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Une nouvelle unité d’enseignement de Morale va ouvrir au mois de novembre.
Nous vous y attendons !