SIMPLIFIER SA VIE

Dossier de LA VIE n° 3566

 

Ma vie simple en 2014

 

LA VOITURE

On la loue, la prêtre, la partage. Elle devient un transport en commun grâce au site BLABLACAR (convoiturage.fr). Si on l’achète, elle est simple comme le good enough, le juste bien sans option superflue pour nos besoins. Et en vacances, on adopte le vélo.

 

LE DIGITAL

76% des français attendent du portable qu’il leur simplifie la vie. Sophistiqué et design mais toujours plus simple d’emploi. La technologie qui libère, c’est la fonction réception d’Outlook, qui ne délivre vos e-mail qu’une fois par heure, vous offrant 55 minutes de liberté en étant non connecté.

 

L’OBJET ELU

Choisi pour sa beauté, il est unique, éthique, fabriqué selon les critères de respect des hommes et de la planète. ON peut le réaliser soi-même ou le faire faire localement. C’est, par exemple, un tricot dont on choisit l’origine de la laine et la grande mère qui va le tricoter (mamyfactory.com)

 

LE TEMPS SPIRITUEL

On le goûte en méditant, en priant, en prenant un bain de nature ou de beauté (avec Formes simples au Centre Pompidou-Metz en juin) pour ne pas se laisser emporter par le flux et rester relié à l’essentiel. En recevant chaque jour sur son e-mail, les textes de la prière des heures (www.aelf.org)

 

LE LIEN

On le cultive avec ses proches, ses voisins … Parce que les relations sont devenues les nouvelles richesses. Passer du temps avec un ami ou dans un engagement solidaire renforce le réseau social, et fait tourner la société. Et si vous commencez à vous entraider ?

www.voisinssolidaires.cfr

 

LE GESTE

Il est artisanal, comme écrire une carte postale (ou de vœux) au temps de satellites. Renouer avec le rectangle de carton pour offrir de jolis mots à ceux qu’on aime : un « acte de résistance » , pour Sébastien Lapaque, auteur d’une Théorie de la carte postale (Actes Sud)

 

L’OBJET USUEL

Il est recyclé ou de seconde main. Parfois on le partage avec ses voisins, comme la machine à laver, la perceuse ou ta tondeuse. C’est l’occasion de réunir tout l’immeuble pour des soirées bricolage ou de réparation. Et si vous faisiez avec monvoisinpro.com  l’inventaire de ce que vous pouvez prêter. ?

 

LE HEROS

Il met ses actes en cohérence avec ses paroles, comme le pape François, qui adopte un style simple et des gestes empathiques pour illustrer la sobriété nécessaire et rappelle que la première révolution est « celle de la manière d’être ». Si vous twittez c’est @Pontifex.

 

Simple comme une fleur: rencontre avec un sage

 

Thierry Thévenin est le président du Syndicat inter-massifs pour la production et l'économie des simples, qui regroupe une centaine de producteurs-cueilleurs de plantes. Pour soigner, aromatiser, nourrir. .. naturellement. J’aime bien l'ambivalence du mot simple. D'un côté, vous pouvez l'en­tendre comme quelqu'un de simplet, de bête. De l'autre, vous l'entendez comme un atout, une forme de compliment: quelqu'un qui est sage, qui a conservé une relation directe avec les autres et la nature. Une forme d'intimité, de proximité. » Thierry Thévenin sait de quoi il parle. Il est en effet, depuis le début des années 2000, le porte-parole des ... Simples (Syndicat inter-massifs pour la production et l'économie des simples).

 

Les « simples » ? Un mot oublié du vieux français, venu du latin simplex (formé d'un seul élément) et qui, depuis le xve siècle, ne désigne pas que les gens simples, mais aussi les remèdes végétaux populaires. Car Thierry Thévenin est producteur-cueilleur de plantes médi­cinales, herboriste et botaniste de ter­rain depuis plus de 25 ans. Dans une maison en pierres aux volets mauves, située aux confins du département de la Creuse et du Puy-de-Dôme, il cultive, à 700 mètres d'altitude, dans son «jardin des herbes de vie ", 80 plantes, du mil­lepertuis à l'aubier de tilleul, de la reine­des-prés à l'armoise vulgaire en passant par la pensée sauvage. Un savoir qu'il a acquis en renouant avec les pratiques ancestrales de ses grands-parents, pay­sans limousins à Mérinchal et qui soi­gnaient leurs animaux avec des plantes, et par des rencontres glanées aux quatre coins du monde.

 

Thierry Thévenin est un autodidacte Qui, de ses propres mots, « s'est longtemps cher­ché ». Le déclic s'est produit au début des années 1980, lors d'un voyage au Maroc, quand, âgé d'une vingtaine d'années, il est atteint d'une violente dysenterie ami­bienne. Les médecins de l'hôpital d'Ouar­zazate se révèlent impuissants à le soigner. « Je ne pesais plus que 59 kilos pour 1,88 mètre, jtais en train de mourir. » C'est alors que des villageois le recueillent et le guérissent avec des plantes. Sa voie était trouvée. De formations en stages, il renoue avec l'herboristerie. Une science ances­trale, quasiment interdite en France depuis une loi promulguée sous Pétain et qui ne subsiste qu'à travers un décret de 2008 autorisant la vente libre de 148 espèces médicinales, une exception au monopole pharmaceutique.

 

Devenu, en 2003, le président des Simples, qui regroupe une centaine de producteurs-cueilleurs en France, il savoure, à 48 ans, un engouement à la fois pour les plantes et pour les médecines naturelles, qu'il voit « comme un complé­ment à la decine de ville dans une offre thérapeutique plurielle ». En 2006, la com­mune de Nant, sur le plateau du Larzac, a accueilli plus de 5000 personnes lors de la première fête des Simples. Et ils étaient 7000, en 2012, à celle organisée sur le pla­teau de Millevaches, dans le Limousin. «Je n'ai pas peur du mot décroissance, car je ne le vois pas comme une régression, affirme Thierry Thévenin. Mais tout sim­plement comme une quête de simplicité, de chercher la même efficacité avec moins de moyens. Quand j'ai un rhume, j'ai ainsi le choix entre prendre un médicament et ali­menter tout un système (Sécu, labos phar­maceutiques, marketing), ou le soigner avec du plantain, que je peux ramasser devant ma porte. »,

OLIVIER NOUAILLAS

 

Sur le site syndicat­simples.arg retrouvez les infos sur ce « syndicat pour la production et l'économie des simples».

 

Plaidoyer pour l'herboristerie,

de Thierry Thévenin, Actes Sud,

 

Les Plantes sauvages. Connaître. Cueillir, utiliser.

De Thierry Thévenin, Lucien Souny