SIMPLIFIER SA VIE
Dossier de LA VIE n° 3566
LA VOITURE
On la loue, la prêtre, la partage. Elle devient un transport
en commun grâce au site BLABLACAR (convoiturage.fr). Si on l’achète, elle est
simple comme le good enough, le juste bien sans option superflue pour nos
besoins. Et en vacances, on adopte le vélo.
LE DIGITAL
76% des français attendent du portable qu’il leur simplifie
la vie. Sophistiqué et design mais toujours plus simple d’emploi. La
technologie qui libère, c’est la fonction réception d’Outlook, qui ne délivre
vos e-mail qu’une fois par heure, vous offrant 55 minutes de liberté en étant
non connecté.
L’OBJET ELU
Choisi pour sa beauté, il est unique, éthique, fabriqué
selon les critères de respect des hommes et de la planète. ON peut le réaliser
soi-même ou le faire faire localement. C’est, par exemple, un tricot dont on
choisit l’origine de la laine et la grande mère qui va le tricoter
(mamyfactory.com)
LE TEMPS SPIRITUEL
On le goûte en méditant, en priant, en prenant un bain de
nature ou de beauté (avec Formes simples au Centre Pompidou-Metz en
juin) pour ne pas se laisser emporter par le flux et rester relié à
l’essentiel. En recevant chaque jour sur son e-mail, les textes de la prière
des heures (www.aelf.org)
LE LIEN
On le cultive avec ses proches, ses voisins … Parce que les
relations sont devenues les nouvelles richesses. Passer du temps avec un ami ou
dans un engagement solidaire renforce le réseau social, et fait tourner la société.
Et si vous commencez à vous entraider ?
LE GESTE
Il est artisanal, comme écrire une carte postale (ou de
vœux) au temps de satellites. Renouer avec le rectangle de carton pour offrir
de jolis mots à ceux qu’on aime : un « acte de résistance » ,
pour Sébastien Lapaque, auteur d’une Théorie de la carte postale (Actes
Sud)
L’OBJET USUEL
Il est recyclé ou de seconde main. Parfois on le partage
avec ses voisins, comme la machine à laver, la perceuse ou ta tondeuse. C’est
l’occasion de réunir tout l’immeuble pour des soirées bricolage ou de
réparation. Et si vous faisiez avec monvoisinpro.com l’inventaire de ce que vous pouvez prêter. ?
LE HEROS
Il met ses actes en cohérence avec ses paroles, comme le
pape François, qui adopte un style simple et des gestes empathiques pour
illustrer la sobriété nécessaire et rappelle que la première révolution est
« celle de la manière d’être ». Si vous twittez c’est
@Pontifex.
Simple comme une fleur: rencontre avec un sage
Thierry Thévenin
est le président du Syndicat inter-massifs pour la production et l'économie des
simples, qui regroupe une centaine de producteurs-cueilleurs de plantes. Pour
soigner, aromatiser, nourrir. .. naturellement. J’aime bien l'ambivalence du
mot simple. D'un
côté, vous pouvez
l'entendre comme quelqu'un
de simplet, de
bête. De
l'autre, vous l'entendez comme un atout, une forme de compliment:
quelqu'un qui est sage, qui
a conservé une relation directe avec
les autres et la nature. Une forme d'intimité, de proximité. » Thierry Thévenin sait de quoi il parle. Il
est en effet, depuis le début des années 2000, le porte-parole des ... Simples
(Syndicat inter-massifs pour la production et l'économie des simples).
Les « simples
» ? Un mot oublié
du vieux français,
venu du latin simplex (formé
d'un seul
élément) et qui, depuis le xve
siècle, ne
désigne pas que
les gens simples, mais aussi les
remèdes végétaux populaires. Car
Thierry Thévenin est producteur-cueilleur
de plantes médicinales,
herboriste et botaniste de terrain
depuis plus de 25 ans.
Dans une maison
en pierres aux volets mauves,
située aux
confins du département de la Creuse
et du Puy-de-Dôme,
il cultive, à
700 mètres
d'altitude, dans
son «jardin des herbes de vie ",
80 plantes, du
millepertuis à l'aubier
de tilleul, de la reinedes-prés
à l'armoise vulgaire en
passant par la pensée sauvage.
Un savoir qu'il
a acquis en renouant avec les pratiques
ancestrales de
ses grands-parents,
paysans
limousins à Mérinchal et qui
soignaient leurs animaux
avec des plantes, et par des rencontres
glanées aux quatre coins du monde.
Thierry Thévenin
est un autodidacte Qui, de ses propres mots,
« s'est longtemps cherché ». Le déclic
s'est produit
au début
des années
1980, lors d'un
voyage au Maroc, quand,
âgé d'une vingtaine
d'années,
il est atteint
d'une violente
dysenterie
amibienne.
Les médecins de
l'hôpital
d'Ouarzazate
se révèlent impuissants
à le soigner. «
Je ne pesais plus que 59 kilos pour 1,88
mètre, j'étais en train de
mourir. » C'est alors que des villageois le recueillent et le
guérissent avec des plantes. Sa voie était trouvée. De formations en stages, il
renoue avec l'herboristerie. Une science ancestrale, quasiment interdite en
France depuis une loi promulguée sous Pétain et qui ne subsiste qu'à travers un
décret de 2008 autorisant la vente libre de 148 espèces médicinales, une
exception au monopole pharmaceutique.
Devenu,
en 2003, le président des Simples, qui
regroupe une centaine de producteurs-cueilleurs en France,
il savoure,
à 48 ans,
un engouement
à la fois pour les
plantes et
pour les médecines
naturelles,
qu'il voit
« comme un complément à la médecine de ville dans une offre thérapeutique plurielle ». En 2006, la commune de Nant,
sur le plateau du Larzac, a accueilli plus de 5000 personnes lors de la
première fête des Simples. Et ils étaient 7000, en 2012, à celle organisée sur
le plateau de Millevaches, dans le Limousin. «Je n'ai pas peur du mot
décroissance, car je ne le vois pas comme une régression, affirme Thierry
Thévenin. Mais tout simplement comme une quête de simplicité, de chercher la
même efficacité avec moins de moyens. Quand j'ai un rhume, j'ai ainsi le choix
entre prendre un médicament et alimenter tout un système (Sécu, labos pharmaceutiques,
marketing), ou le soigner avec du plantain, que je peux ramasser devant ma
porte. »,
Sur
le site syndicatsimples.arg
retrouvez les infos sur ce « syndicat
pour la production et l'économie des simples».
Plaidoyer pour l'herboristerie,
de Thierry Thévenin,
Actes Sud,
Les Plantes sauvages.
Connaître. Cueillir, utiliser.
De Thierry Thévenin,
Lucien Souny