La caractéristique essentielle de la prière, c’est la gratuité. La
prière est un rendez-vous d’amour : Dieu n’est pas un dieu marchand. Il ne
monnaye pas ses bienfaits en fonction de notre assiduité à la prière… Notre réussite
personnelle, professionnelle, notre santé ou le temps qu’il fera demain ne
dépendent pas de la qualité de notre oraison ou de la durée de notre prière.
Alors, pourquoi prier ? Parce que l’être
humain est foncièrement attendu dans cette relation d’amour entre Dieu et lui.
Approcher Dieu, vivre de sa Bonne Nouvelle, partager cette intimité avec le
Seigneur : voilà l’urgence de la prière. Il est possible d’affirmer tout à
la fois que la prière "ne sert à rien" et qu’elle est "vraiment
utile". La prière ne sert à rien car il s’agit simplement de rendre grâce
à Dieu pour tout ce qu’il nous donne et d’entrer dans cette relation sans
condition. Elle est utile car, si elle ne produit rien, elle est ce moment
essentiel où le fidèle se laisse travailler par Dieu.
Si la prière n’a pas l’efficacité d’un
"bon de commande" ou d’une demande à satisfaire, elle porte des
fruits. Parce que la relation intime dans le cœur à cœur avec Dieu n’est pas
sans laisser de traces. Dans l’agitation du monde et face aux difficultés de
l’existence, la prière ouvre un espace intérieur où le croyant retrouve ce que
Dieu murmure au creux de chaque être. Le temps que nous passons dans la prière
a souvent pour effet de pacifier le cœur. Elle creuse en chacun les capacités
d’accueil, d’écoute, de relations plus humaines et plus vraies. Cela ne veut
pas dire qu’il n’est pas question de formuler une prière de demande : rien
de ce qui concerne l’homme n’est rejeté par Dieu.
La demande est efficace : c’est vraiment,
dans la prière, remettre à Dieu ces questions qui me dépassent et viennent
alourdir le poids des jours. "Ce qui te
préoccupe, Dieu s’en occupe", disait frère Roger, de Taizé. La prière
ne sera pas forcément exaucée comme nous l’attendions, mais Dieu viendra
accompagner le fidèle dans cette épreuve, dans cette demande, dans cette
attente. Il purifie notre impatience, transforme nos besoins immédiats en désir
profond. "C’est fou ce que mes idées
changent lorsque je prie", disait Bernanos. Voilà l’efficacité de la
prière : elle fait entrer l’homme dans le plan de Dieu.
Plusieurs
personnes sont venues à la messe du soir avec des intentions
particulières : une guérison, un travail à trouver, une réconciliation
familiale, d’autres épreuves familiales…
Elles ont
pu obtenir des grâces demandées, mais avant tout la prière de la
communauté leur apporte un soutien moral et spirituel. Elles ont trouvé
un écho de la parole de Jésus : « Venez à moi vous tous qui portez
le poids du jour et moi je vous donnerai le repos » (Mt 11,28)
Paroisse saint Bosco à Mulhouse.
Si
dans la prière, tu ne trouves aucune résonance sensible de Dieu en toi,
pourquoi t’inquiéter ? La ligne de partage est imprécise entre le vide et
la plénitude, comme elle l’est entre le doute et
La
découverte de toi-même, sans personne pour te comprendre, peut provoquer une
honte d’exister qui va jusqu’à l’autodestruction. Tu en viens parfois à te
croire un condamné vivant. Mais pour l’Evangile, il n’y a ni normalité, ni
anormalité, il y a des hommes à l’image de Dieu. Qui pourrait alors
condamner ? Jésus prie en toi. Il offre la libération et le pardon à
quiconque vit avec un cœur de pauvre, pour qu’il devienne, à son tour, un
libérateur pour les autres.
En
tout homme se trouve une part de solitude qu’aucune intimité humaine ne peut
combler, pas même l’amour le plus fort entre deux êtres. Qui ne consent pas à
ce lieu de solitude, connaît la révolte contre les hommes, contre Dieu lui-même.
Pourtant
tu n’es jamais seul. Laisse-toi sonder jusqu’au cœur de toi-même, et tu verras
que tout homme est créé pour être habité. Là, au creux de l’être, là où personne
ne ressemble à personne, le Christ t’attend. Là se passe l’inattendu.
Passage
fulgurant de l’Amour de Dieu, l’Esprit-Saint traverse chaque être humain comme
un éclair dans sa nuit. Par ce passage, le Ressuscité le saisit, il se charge de
tout, il prend sur lui tout ce qui est intolérable…
l’incompréhensible,
quand la nuit se fait dense, son Amour est un feu. A toi de regarder
cette lampe allumée dans l’obscurité, jusqu’à ce que l’aurore commence à
poindre et le jour à se lever dans Le Christ n’anéantit pas l’homme de chair et
de sang. Dans une communion avec lui, pas de place pour les aliénations. Il ne
brise pas ce qui est en l’homme. Il n’est pas venu pour abolir, mais pour
accomplir. Quand tu écoutes, dans le silence de ton cœur, il transfigure le
plus inquiétant en toi. Quand tu es enveloppé par ton cœur.
Roger,
ton frère