La catéchèse offre à l’enfant la dimension du sacré

 

Geneviève de Taisne

Enseignante à l'Institut catholique de Paris et psychanalyste

 

- Que penser des familles qui refusent d'inscrire leur enfant en catéchèse, sous prétexte de respecter sa liberté de conscience?

Geneviève de Taisne: Quand on a une passion, on la partage avec ses enfants. Je vois des parents qui aiment le ski, ils emmènent leurs enfants au ski. Quand on a la foi ‑ et la foi, c'est une passion ‑, pourquoi ne la partagerait‑on pas avec ses enfants?

 

Selon votre expérience, que donne une éducation qui aurait été en quelque sort coupée du sacré?

‑ J'ai envie de dire: l'anorexie. L’anorexie, aujourd'hui, on la soigne sur un plan physiologique. Mais la faim qu'il y a derrière, comme chrétiens, comment y répond‑on? Or, je trouve chez les jeunes aujourd'hui une vraie quête de sens, une vraie quête de justice, une vraie quête d'amour. Est‑ce qu'on y répond à cette faim‑là?

 

‑La catéchèse y répond‑elle? Que doit‑elle offrir, en définitive?

‑Une expérience du spirituel, un goût de Dieu. La foi donne la vie. Elle nourrit l'expérience et change quelque chose dans sa propre vie.

 

De la part d'une psychanalyste, c'est un peu surprenant, non?

‑Tous mes confrères psychanalystes pensent qu'il y a une dimension qui dépasse l'homme, la dimension du sacré et du spirituel. Nous ne sommes pas que des animaux. Nous sommes autre chose. La catéchèse, chez nous, peut offrir cette expérience, cette formation‑là.

 

‑Les grands­-parents sont inquiets quand leurs petits enfants ne reçoivent aucun éveil religieux. Vous avez écrit un livre récemment sur ce sujet (1). Que dire à ces grands‑parents?

‑ Souvent, c'est vrai, leur inquiétude est justifiée, parce que la foi fait partie de leur vie et qu'ils voient leurs petits‑enfants ne pas pratiquer, ne pas avoir cette chance. Mais ce que je vois, moi, c'est que le lien entre les enfants et les grands‑parents est formidable et passe par‑dessus les parents. Les petits‑enfants regardent leurs grands‑parents et se posent des questions. Ce qui est très important, c'est la cohérence. Je pense à une petite fille qui me disait: «Je suis allée à la messe avec ma grand‑mère, ils se sont donné le baiser de paix avec papy, et je me suis dit: Enfin on va avoir la paix à table! Et quand ils sont rentrés, qu'est‑ce qu'ils se sont disputés!» Alors, je me suis dit: «Tout cela, c’est du vent».

 

Les enfants sont sensibles à l'exemple...

‑ Ils sont très sensibles à la cohérence entre le langage, le rite et ce qui se passe vraiment. C'est très exigeant. Nous avons en permanence à remettre notre foi sur le tapis pour à en faire quelque chose qui donne vie.

 

RECUEILLI PAR JEAN‑MARIE GUENOIS

(1) Au plaisir des grands‑parents (DDB, 14,20 €)