Gilets jaunes, l’appel des évêques de France
La
Croix 11/12/25018
Dans un « appel aux catholiques de France et à nos concitoyens », publié mardi 11 décembre, le conseil permanent de la Conférence des évêques de France suggère la réunion de « groupes d’échanges et de propositions (…) invitant très largement d’autres personnes, partageant ou non notre foi ».
« Sans se
substituer aux politiques, l’Église offre un espace pour faire grandir la
fraternité ». Dans un « appel aux
catholiques de France et à nos concitoyens »publié mardi
11 décembre, le conseil permanent de la Conférence des évêques de France
prend acte de la gravité de la « crise dite des gilets
jaunes » et suggère la réunion de « groupes d’échanges
et de propositions (…) invitant très largement d’autres personnes,
partageant ou non notre foi ».
Après le court message
du président de la CEF, l’archevêque de Marseille, Georges Pontier, publié
jeudi 6 décembre, les évêques de France ont décidé de prendre au sérieux
les revendications des manifestants et de s’impliquer plus vigoureusement dans
la recherche d’une « sortie de crise ».
Celle-ci est « révélatrice
d’un malaise très profond et très ancien, qui engendre une grave défiance
envers les responsables politiques », notent-ils. En sortir sera
donc « difficile car les enjeux sont tout autres que
conjoncturels : il en va de notre capacité collective d’espérer et de bâtir
l’avenir ».
Gilets jaunes, Mgr Georges Pontier défend un
« dialogue courageux et constructif »
« Il faudrait être
sourds ou aveugles pour ne pas nous rendre compte de la lassitude, des
frustrations, parfois des peurs et même de la colère, intensifiées par les
attentats et les agressions, qui habitent une part importante des habitants de
notre pays, et qui expriment ainsi des attentes et de profonds désirs de
changements », écrivaient-ils d’ailleurs il
y a deux ans, en amont des élections présidentielles, dans un texte remarqué –
et finalement prémonitoire – intitulé Dans un monde qui change,
retrouver le sens du politique.
« Il faudrait être
indifférents et insensibles pour ne pas être touchés par les situations de
précarité et d’exclusion que vivent beaucoup sur le territoire
national », notaient-ils encore.
Manque de lieux
d’échange
Or aujourd’hui, les « lieux
d’échange et de réflexion qui pourraient permettre l’émergence à une large
échelle de suggestions positives élaborées ensemble »manquent. Un
manque aggravé par « l’affaiblissement de nombreux partis politiques
et un recul significatif de l’engagement syndical ».
« Où nos
concitoyens trouveront-ils des lieux appropriés » pour trouver les solutions ensemble ?, s’interrogent donc les évêques.
Parce que « l’Église
catholique dispose d’un maillage de milliers de paroisses,
réparties sur
l’ensemble de notre territoire et riches de la présence de multiples
mouvements, aumôneries et associations de fidèles », elle doit s’impliquer, et en particulier ses paroisses, à la fois « lieux
de prière » et « maisons de famille fraternelle et
accueillante ».
Contribution à la
société tout entière
« À ce moment de
notre histoire, nous pouvons le montrer et apporter notre contribution pour
aider notre société tout entière à surmonter la crise qu’elle
traverse », affirment les évêques de
France dans leur appel.
Concrètement, ils
suggèrent « d’entreprendre (…) dans les semaines à venir (…) une réflexion
qui pourra se poursuivre tout le temps nécessaire, en lien avec tout ce qui se
déroulera sur le territoire », en suscitant « partout
où ce sera possible des groupes d’échanges et de propositions en invitant très
largement d’autres personnes, partageant ou non notre foi ».
Gilets jaunes : « On recrée du lien social
dans l’affrontement »
A titre de « pistes
de réflexion », les évêques leur proposent même cinq
questions : « Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser,
les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a
prises ? » ;
« Qu’est-ce qui
pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage
partie prenante des décisions politiques ? » ;
« Quels sont les
lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ? »
Désireux d’inciter
leurs concitoyens à se tourner vers l’avenir, ils les interrogent également
sur « le "bien commun" recherché ensemble (qui)
pourrait fédérer nos concitoyens » et enfin sur les « raisons
d’espérer (qu’ils souhaitent) transmettre à (leurs) enfants et petits-enfants
? »
« Nous vous
suggérons de transmettre vos réponses à vos élus. Votre évêque lui aussi sera
heureux d’en être informé », concluent les dix
membres du conseil permanent de la Conférence des évêques de France.
Anne-Bénédicte Hoffner