Nouvelle évangélisation
ENTRETIEN
La Croix : Votre dicastère (1) occupera-t-il une
place centrale dans le gouvernement du pape ? Mgr
Rino Fisichella : Dans le futur, sans doute ! Mais nous n’existons que depuis deux mois.
Notre responsabilité est appelée à être toujours plus grande. Simplement
parce que l’évangélisation, en elle-même, est au cœur de l’Église. Nous
devons trouver de nouvelles formes pour annoncer l’Évangile dans le monde
d’aujourd’hui, en cohérence avec l’homme d’aujourd’hui.
Le motu proprio définissant vos fonctions
insiste sur la promotion du Catéchisme de l’Église catholique.
S’agit-il de votre objectif essentiel ? Non. Nos attributions sont plus larges.
Notre objectif essentiel sera de collaborer avec les conférences épiscopales.
Elles sont, dans chaque pays, le signe de la présence de l’Église. Les
évêques y travaillent ensemble pour annoncer l’Évangile, de façon adaptée à
leur peuple.
Votre champ d’action sera-t-il limité aux pays d’ancienne
chrétienté, aujourd’hui sécularisés ? Notre compétence s’étend à toute
l’Église, selon certains critères. Les pays d’ancienne tradition chrétienne
sont marqués par le sécularisme et le relativisme. La sécularisation, elle,
est née comme une avancée positive. À l’époque, il s’agissait de donner à
l’homme, et au chrétien, la capacité d’être présent dans le monde, avec son
aptitude à le transformer. Votre regard sur la modernité n’est-il pas pessimiste ? Tout au contraire ! Nous devons porter
un regard positif sur ses conquêtes, dont nous profitons pleinement. Le
problème est l’usage qu’on en fait. Benoît XVI a expliqué que les Églises de nos pays pouvaient
être considérées comme des « minorités créatives », en dialogue avec les
cultures, actives en matière d’éducation et de solidarité. Qu’en pensez-vous
? Il faut distinguer selon les pays. Si
l’on s’en tient aux chiffres de pratique religieuse, il faut naturellement
prendre conscience de ce statut minoritaire et ne pas rester passif, donc
être créatif, notamment dans les trois domaines évoqués par le pape. Nous vivons une véritable révolution anthropologique.
Allez-vous engager une réflexion de fond sur ces questions ? Naturellement. Il faut construire un
nouvel humanisme, en référence à l’humanisme européen des XVe et XVIe
siècles, lorsqu’il s’agissait, avec enthousiasme, de mettre l’homme au centre
du monde. Toutes les disciplines ont été concernées, pour répondre à la
question du sens de la vie humaine. Mais Dieu n’en était pas exclu.
La
Croix 14/12/2010
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