Ayant
convoqué l'ensemble de la Communauté Educative et Pastorale (CEP) des Minimes
(Lyon) pour la prérentrée générale du 2 septembre 1998, le P. CARAVA, supérieur
et chef d'établissement, a rappelé, à grands traits, les caractéristiques d'une
école salésienne.
Quand un
jeune vient avec ses parents pour se faire inscrire, j'ai l'habitude de lui
dire : «Tu ne viens pas ici comme dans n'importe quelle école.». Dans ma
bouche, ce n’est pas une boutade mais bien une conviction. Et, après un temps
d’information et de dialogue, j'ajoute: «Quand tu viendras dans cette maison
salésienne, Don Bosco te tendra la main; et quand tu la quitteras, Don Bosco ne
lâchera pas ta main. » C'est le même langage que je tiens aux anciens qui
partent et qui viennent dire au revoir et merci. Ça existe !
Cela
veut dire que l’originalité d'une école salésienne, plus qu'une institution,
c’est d'abord un esprit, une manière d'être avec les jeunes, avec ses
collègues, avec ses camarades, avec ses professeurs, avec les catéchistes, avec
le personnel. Et le but ultime en est, à travers l'habituel travail scolaire
accompli le mieux possible, et au-delà même de ce travail, d'atteindre à un
certain bonheur.
L’école que préconisait Don Bosco « étai une
école pour le bonheur et, dans toute la mesure du possible, une école de
bonheur ». Encore collégien, Jean Bosco n’avait-il pas déjà fondé pour ses
camarades une Société de la Joie, « dont les statuts bannissaient des
conversations tous les sujets de mélancolie ? » Devenu Don Bosco, il éduquerait
« les jeunes pour leur Joie, non seulement éternelle, mais temporelle »,
répétant à l'envie à ses garçons : « Sois Joyeux » et non pas « Sois sage ».
Toute la
pratique pédagogique de Don Bosco a été une harmonie totale entre Système
préventif et liberté, écrit aussi en substance le P. Francis DESRAMAUT, l'un
des meilleurs historiens actuels de Don Bosco, qui relate une interview que le
saint a accordée au Journal de Rome, en 1884. Interrogé sur son système
d'éducation, Don Bosco répondit : « Il est très simple. Je laisse à enfants la
faculté de faire ce qu'ils aiment le mieux. Le talent consiste à découvrir chez
les enfants les germes de leurs bonnes dispositions, et à s'appliquer à les
développer: Comme chacun n 'arrive à faire que ce qu'il sait qu'il pourra
faire, j'applique rigoureusement ce principe, et mes élèves travaillent tous,
non seulement avec activité, mais avec amour Depuis quarante quatre ans que je
suis professeur je n'ai jamais puni une seule fois... »
C'est ce
souffle qui doit traverser un établissement scolaire salésien. C'est dans un
comportement analogue que prend sa source l’originalité de l’école salésienne.
I - LES SALÉSIENS DANS L'ÉCOLE
Pour
bien comprendre quel esprit on doit voir régner dans l'école salésienne, il
faut se souvenir que celle-ci est née dans l' Oratoire du Valdocco. L'oratoire,
dans la pensée de Don Bosco, signifiait «un lieu destiné à récréer les jeunes
garçons par d'agréables divertissements, après qu 'ils ont rempli leurs devoirs
religieux »
Et c'est
précisément cet esprit «oratorien» que l'on devrait retrouver dans toute école
salésienne que nous considérons comme une médiation culturelle privilégiée
d’éducation et que nous reconnaissons comme un domaine où l'Évangile éclaire la
culture. Et nous nous situons dans cette école en apportant le patrimoine
pédagogique hérité de saint Jean Bosco et approfondi par l'expérience qui a
suivi jusqu'à nos jours.
II- QUELQUES ASPECTS FONDAMENTAUX
DE L'ÉCOLE SALÉSIENNE
1. Un centre éducatif efficace et qualifié
- Privilégiant l'aspect éducatif plus que
l'aspect de l'instruction pure et sans aucune référence éducative : pour Don
Bosco (et pour d'autres), un enseignant est nécessairement un éducateur.
- Orientant chaque jeune vers son projet de
vie : d'où la nécessité d'un accompagnement sous-tendu par souci de fomentation
intégrale et uniquement intellectuelle.
- Ornant une vision humaine évangélique du
travail.
2. Un centre éducatif fondé sur les valeurs
évangéliques, osant la proposition de la foi et les moyens pour grandir dans
cette foi.
- Qui possède et affiche une réelle identité
catholique claire et exprimée, à la fois dans le témoignage de tous les
intervenants, dans le projet d'établissement et dans le fonctionnement interne.
- Qui
orne une proposition éducative pastorale ouverte aux milieux plurireligieux et
pluriculturels (sans pour autant renier sa propre identité). Cela implique que
l'école organise toute son activité à la lumière de la conception chrétienne de
la réalité, dont le Christ est le centre; et qu'elle oriente les contenus
culturels et sa méthodologie éducative selon une vision de l'homme, du monde et
de l'histoire inspirée de l'Évangile.
- Qui favorise la constitution d'une
communauté de foi qui soit l'animatrice et, en quelque sorte, le levier du
processus d'évangélisation. Non pas le seul moteur, mais l'animatrice discrète
et sûre d'un groupe plus vaste (entendez l'ensemble de la Communauté Éducative
et Pastorale que nous désignerons par le sigle CEP) car il ne faut exclure
personne, bien au contraire, de l'acte d'évangélisation. Et cette « communauté
de foi » (qu'il faut à coup sûr chercher à étendre), si vitale et indispensable
qu'elle soit, ne résume pas à elle
seule toute la CEP, mais elle en fait partie intégrante au titre de « levain
dans la pâte», oserais-je dire... Même si l'idéal (rêvons un peu) serait que
l'ensemble de la CEP devienne elle-même une « communauté de foi ». Certains prétendent qu'il en était ainsi
jadis dans nos écoles... Il faudrait voir...
- Qui ose, pour tout dire, proposer la foi
par le biais de la catéchèse, par exemple. Mais qui offre aussi les moyens de
grandir et progresser dans cette foi en favorisant les célébrations
(eucharistiques ou non) et en donnant notamment la possibilité de recevoir les
sacrements : baptême, confirmation (de manière extraordinaire), réconciliation,
eucharistie (de manière habituelle et régulière, en se souvenant que ces deux
sacrements ont toujours été considérés par Don Bosco comme des piliers majeurs
de sa pédagogie). Quoi qu'il en soit, nous trahirions gravement notre projet si
nous négligions aujourd'hui de faire cette proposition au moment où en sentent
confusément la nécessité même « les responsables de la société civile qui nous
révèlent que l'Evangile est aujourd'hui attendu d'une façon nouvelle : comme
une ressource pour vivre et pour fonder des engagements durables. »
3. Un centre éducateur porteur de l'esprit
salésien et de la pédagogie salésienne
« Éducateur », c'est-à-dire qui fait oeuvre
d'éducation. L' école salésienne atteint sa finalité, selon le style, l’esprit
et la méthode de Don Bosco :
- Quand elle assume l'intégralité de la vie
des jeunes : les éducateurs(entendus au sens de l'ensemble de l'équipe
pédagogique et pas seulement les éducateurs « surveillants ») participent à ce
qui intéresse les jeunes, en encourageant les activités du temps libre (théâtre, sport, musique, chant,
arts).
- Quand elle éduque en évangélisant et
évangélise en éduquant : c'est-à-dire quand elle harmonise dans une unité
indivisible le développement humain et l'idéal chrétien. Par exemple : savoir
s'accueillir dans une classe qu'on laisse propre pour le groupe suivant, afin
de permettre à l'autre d'être heureux. Éduquer à la propreté, à la discipline
personnelle et de groupe, c’est déjà évangéliser. Voilà pourquoi nul n'a le
droit de se décharger sur tel « responsable » sous prétexte que « ce n'est pas
mon secteur ni de mon ressort.
Bref,
nous répondons à notre idéal lorsque nous actualisons les quatre éléments qui
font, comme je le disais en commençant, que le jeune ne vient pas aux Minimes
(ou dans tout autre établissement salésien) « comme dans n'importe quelle école
», éléments qui sont énumérés dans le fameux article 40 des Constitutions
salésiennes : « Don Bosco a vécu une expérience pastorale typique dans son
premier oratoire qui fut pour les jeunes la maison qui accueille, la paroisse
qui évangélise, l'école qui prépare à la vie et la cour de récréation pour se
rencontrer en amis et vivre dans la joie. Dans 1 'accomplissement de notre mission
aujourd'hui, l'expérience du Valdocco demeure pour nous critère permanent de
discernement et de renouvellement de toutes nos activités et de toutes nos
oeuvres. »
4. Un centre éducatif et populaire
Le Magistère salésien stipule : « Que
l'école salésienne soit populaire par son implantation, par la culture et les
orientations qu'elle privilégie et par les jeunes qu'elle accueille. » Qu'elle
organise, entre autres, « des cours de qualification professionnelle et
culturelle, d'alphabétisation et de rattrapage (...) Et d 'autres initiatives
semblables ». (Règlements § 14)
C'est
pourquoi l'école salésienne est ouverte à toutes les classes sociales sans
discrimination et demande uniquement l'adhésion ou au moins le respect envers
les valeurs que le PEPS propose. On vise à la promotion de tous et pas
seulement des meilleurs, et l'on crée des conditions « économiques » pour
permettre au plus grand nombre de venir chez nous.
III - LA C.E.P. DANS L'ÉCOLE SALÉSIENNE
L'actualisation
du P.E.P.S. exige de la part de tous, répétons-le, la convergence des
intentions et des convictions.
1.
Quelles sont les tâches de la CEP ?
La CEP
n'est pas ou plus le cercle restreint de quelques personnes (religieux
salésiens + professeurs), mais le groupe de tous ceux qui s'intéressent au fait
éducatif dans la maison. C'est toute la CEP qui porte la responsabilité
éducative. C'est-à-dire qu'il lui revient :
- D’encourager le partage par tous des
valeurs éducatives exprimées dans les PEPS.
- De
participer à la conception et à la programmation élaborée de toutes les
activités et projets (programme d’études mais aussi la vie de la maison).
- De
suivre tout particulièrement un processus systématique de formation permanente
de tous les membres de la CEP, qui leur permette de mettre à jour leurs
compétences éducatives, professionnelles et salésiennes.
- De
favoriser un style de relation selon le Système Préventif, qui encourage la«
présence assistance » des éducateurs,
que nous sommes tous, au milieu des jeunes.
2. Structure de participation et de
responsabilité
Elles
permettent les conditions pour une communion, un partage et une collaboration
de plus en plus importants entre les différentes composantes de la CEP au
service de la formation humaine, intellectuelle et spirituelle des jeunes.
A) Responsabilités personnelles
- Le Directeur de la communauté salésienne
est le responsable principal de la CEP, le principe d'unité et le garant de
l'identité salésienne.
- Le Chef d'établissement (aux Minimes, ces
deux responsabilités se confondent actuellement) oriente et coordonne l'action
éducative selon le PEPS, veille aux programmes et aux projets scolaires,
coordonne les différentes équipes.
- Les Directeurs des études (collège, lycée,
post-bac) ainsi que la Directrice de l’école primaire, avec leur équipe
respective de collaborateurs immédiats, portent le souci, par délégation du
chef d'établissement, de la bonne organisation de la vie scolaire au quotidien.
- Le coordinateur de la pastorale ou APS
(Animation en Pastorale Scolaire) anime
l'action évangélisatrice sous l'autorité du chef établissement et par délégation, en se souciant d'intégrer
profondément l'acte pastoral dans le processus éducatif
- Les différents coordinateurs de secteurs
(responsable de la gestion, des
services économiques et administratifs, des niveaux scolaires, de la
catéchèse) concourent, selon la nature de leur charge, au bon fonctionnement de
la vie de l'Institution.
B) Organes collégiaux de participation
- Le Conseil de Direction regroupe les
responsables des principaux secteurs de l'établissement : c'est le conseil de
la CEP
- La Commission pastorale collabore avec l'
APS à l'animation évangélisatrice (au sens large du terme) de toute la CEP La
composition de cette commission est régulièrement discutée : quel modèle
adopter?
- Le Comté d'Entreprise et des Délégués du
Personnel fonctionne, selon les lois en vigueur dans le pays, comme une
instance de dialogue qui permet des prises de conscience de part et d'autre.
- Les Groupes d'Enseignants par secteur ou
discipline, professeurs principaux, ont le souci, en lien avec les responsables
appropriés de la programmation et des orientations éducatives, après qu'elles
ont été décidées par le chef d'établissement et son conseil.
- Les Associations comme l'APEL(parents
d'élèves) ou les ADB (anciens et amis de Don Bosco) apportent leur note
originale à la bonne marche de l’institution.
- Le Conseil d'établissement (faut-il le
remettre en honneur ? Disent certains qui trouvent qu’il y a suffisamment
d’instances représentatives de dialogue dans la maison) n'est pas
nécessairement une chambre d’enregistrement des plaintes mais une groupe
de personnes représentant absolument
chaque catégorie de la CEP et qui collaborent à l’animation éducative et
pastorale de la maison.
Affaire
à suivre.
FAUT-IL UNE CONCLUSION ?
Dans
tout ce que je viens de dire, il y a bien des choses qui se font déjà aux
Minimes, heureusement! Et qui nous disent bien que nous correspondons au profil
général d’une école salésienne. Mais il est vrai que certains domaines méritent
d’être approfondis, revus, corrigés, réadaptés, d’autres explorés car nous n'y
sommes pas habitués et les compétences nous manquent, croyons-nous : qu'importe
?
L'essentiel
est que nous restions à la fois fidèles à la tradition salésienne adaptée à
notre temps et ouverts à l'avenir. Ainsi que je l'écrivais dans mon éditorial
du MINIMOIS de juin 1998 : «Ayons du souffle! » Dieu fera le reste... Et si
nous sommes dans le Projet, qu'il nous y garde ! Si nous n’y sommes pas,
qu’il nous y mette ! Tout le monde y gagnera...
P.CARAVA,
Salésien Don Bosco
Evoquant
e rôle de l'école, l’évêque de Versailles décrit ce
que devraient aujourd'hui tous les établissements scolaires.
"L'école doit inverser les modèles de
réussite, en promouvant respect et l'épanouissement de personne, l'accueil de
l'étranger, le refus de l'exclusion, Elle doit indiquer la voie de gratuité et
de l'attention à l'autre dans les rapports humains, juger la technique à l'aune
de l'homme, veiller à ce que les pédagogiques employées soient service de la
croissance plus grand nombre. Redonner sa place au sujet, en valorisant
d’autres langages que le langage mathématique, le monde de la technique, de
l'invention, de l'économie à la réflexion éthique. (...)
La
valeur d'un établissement réside dans sa capacité de donner ou de redonner aux
jeunes le goût et la joie d'apprendre, la confiance dans la vie, l'ouverture au
sens de la transcendance, à
l'intériorité, à la capacité d'innover."
Jean-Charles
Thomas
Ecole catholique dans le
secteur : http://www.notre-dame-mantes.com/
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