La canonisation de Don Bosco

Pâques, 1er avril 1934.

Il y a 80 ans, Jean Bosco était canonisé. C'est ainsi que se terminait le long procès de béatification et de canonisation qui a duré quarante six ans ! Le « procès ordinaire », qui s'acheva le 1er juin 1897, fut suivi par le « procès romain » qui dura vingt ans et connut des hauts et des bas... En effet, au terme d'une réunion de préparation – celle du 20 juillet 1926 – il parut évident à certains que la cause de canonisation ne pouvait plus avancer.


En février 1888, Léon XIII conseille à Don Rua d'introduire la cause de béatification de Don Bosco. Le 3 juin 1890, le Cardinal Alimonda, archevêque de Turin, constitue alors le tribunal diocésain chargé du « procès ordinaire ». La recherche et l'étude des écrits de Don Bosco prennent sept ans. L'enquête sur la renommée de sainteté du candidat se termine en 1897 après 562 séances d'études et de recherche de témoignage. Le 24 juillet 1907, dix ans plus tard, Pie X signe le décret d'introduction de la cause devant le tribunal romain.

Le procès romain connut des hauts et des bas

Les cardinaux chargés du procès romain révisent tout et donnent un premier avis négatif en 1926. Après reprise des travaux, un avis positif est donné, et le 27 février 1927, et Pie XI qui avait connu personnellement Don Bosco quand il était un jeune prêtre publie le décret sur l'héroïcité des vertus de Don Bosco. Toutefois, les miracles attribués à Don Bosco de son vivant ne sont pas suffisants. Il faut en authentifier deux obtenus à son intercession après sa mort.

Le premier miracle concerne la guérison de sœur Negro Provina, une salésienne de 30 ans souffrant d'un ulcère à l'estomac. Au cours d'une visite, deux de ses sœurs lui parlent de Don Bosco et des grâces reçues par son intercession. Une fois seule, sœur Negro Provina, prend sur la table de nuit une photo de Don Bosco qu'elle avait découpée dans le Bulletin Salésien, et lui adresse une fervente prière. Reposant l'image, elle trouve une pilule sur sa table de nuit, et se sent poussée à l'avaler, bien que le docteur lui eut interdit d'ingurgiter quoi que ce soit. Elle se trouve instantanément guérie, se lève et se déplace dans sa chambre sans douleur et sans effort. C'était le 29 juillet 1906, et les médecins ont décrété cette guérison instantanée, complète et définitive, scientifiquement inexplicable.


Le second miracle concerne une laïque, Teresa Calligari, 23 ans, en novembre 1918, quand elle attrapa une infection pulmonaire. Durant sa convalescence, se déclare une polyarthrite infectieuse. A 4h du matin le 17 juillet 1921, un prêtre lui apparait, lui pose la main sur le front et lui demande « Comment ça va ? Lève-toi ! - Je ne peux pas ! – Bouge ta jambe » elle se lève, complètement guérie et en pleine forme, le prêtre sourit et disparait. Elle comprend alors que c'était Don Bosco. A ses cris, tous les malades de l'infirmerie sont venus constater cette guérison instantanée. Sœur Teresa assista à la messe à genoux à 5h30, déjeuna à 7h, et reprit sa vie normale. Le médecin admit une intervention surnaturelle.


Le 22 mars 1927, la Sacré Congrégation des Rites émet un avis favorable sur la validité des miracles présentés. Les miracles ayant été reconnus, Don Bosco est béatifié le 2 juin1929. Ses reliques sont apportées à Turin.

 

Il manque deux miracles pour la canonisation

Commence alors le procès en vue de la canonisation. Il faut à nouveau deux miracles pour passer cette étape. En 1932, un miracle n'est pas accepté. Le 19 novembre 1933, Pie XI approuve les deux miracles retenus pour la canonisation. Le premier concerne Anna Maccolini, une femme de Rimini, âgée de 74 ans. Atteinte d'une broncho pneumonie en octobre 1930, elle fait une phlébite à la jambe gauche en décembre. Une nuit, après un triduum à Don Bosco, elle applique une relique du Bienheureux sur la phlébite, qui disparaît instantanément. Après plusieurs mois de contrôle, la guérison est reconnue définitive par les médecins. Le second est arrivé à Caterina Pilenga, atteinte en 1903 d'arthrite qui lui déformait ses genoux et ses pieds. Elle prie la Vierge en lui demandant, que, par l'intercession de Don Bosco, elle guérisse à Turin. Revenue sans amélioration, elle participe à un pèlerinage à Turin le 6 mai 1931. Descendue avec peine de voiture, elle prie devant les reliques de Don Bosco, au bout d'une vingtaine de minutes, elle se sent poussée à se mettre à genoux, puis elle va s'agenouiller devant l'autel de la Madone : elle était guérie, instantanément et défensivement comme l'ont constaté les médecins.


La canonisation de Don Bosco est fixée au jour de Pâques, 1er avril 1934. Son corps est placé dans la Basilique Notre Dame Auxiliatrice. Et sa fête est fixée au 31 janvier, jour de son décès.


Jean Pierre Monnier,

salésien de Don Bosco
1er aout 2014

 

L'AVOCAT DU DIABLE FACE A PIE XI

Le procès romain (1907-1927) – organisé, comme le prévoyait la procédure en vigueur avec l'intervention de l'"avocat du diable" - contient les éléments les plus intéressants sur la signification toujours actuelle de la canonisation de Don Bosco aujourd'hui.


Les objections concernent la prétendue "astuce" de Don Bosco, orientée, selon l'"avocat du diable", à une ardente passion pour le succès personnel et le gain économique. Il était aussi pour les mêmes raisons accusé de "non-transparence" (ce sont des termes d'aujourd'hui) dans sa manière de s'assurer des aumônes et des héritages, et de la désobéissance presque systématique à l'Archevêque de Turin, Mgr Gastaldi.


La réponse à ces objections provient non seulement des organes prévus par la procédure, mais également de l'autorité souveraine du Pape.

 


Au terme du procès romain, le 8 février 1927, le Pape affirma: « Le Vénérable Don Bosco appartient à cette catégorie magnifique d'hommes choisis dans toute l'humanité, à ces géants de grandeur bénéfique, et sa figure peut être facilement reconstituée si l'analyse minutieuse, rigoureuse, de ses vertus, telle qu'elle a été faite au cours des discussions précédentes, longues et répétées, est suivie par la synthèse qui, en en réunissant les lignes éparses, la restitue belle et grande : une figure magnifique, que son humilité immense, insondable, n'arrivait pas à cacher ».

 


Et enfin, dans l'homélie du 1er avril 1934, cette « figure magnifique » fut définie solennellement comme « l'apôtre de la Jeunesse, entièrement dévoué à la gloire de Dieu et au salut des âmes », s'étant distingué pour l'hardiesse de ses concepts et la modernité de moyens déployés pour l'éducation complète de l'homme.

père Enrico dal Covolo
Postulateur général
pour les Causes des Saints