Comment résoudre le problème des divorcés remariés? La tâche qui
attend l’Église catholique est redoutable. Et le pape François, en donnant une
année pour préparer le synode autour de
la famille qui devra étudier leur situation, a raison, tant le sujet
est complexe et suscite d’attentes.
Sans doute parce qu’il s’agit de savoir si l’on peut
toucher à ce qui reste
comme l’une des dernières institutions auxquelles notre société reste fortement
attachée. Et que c’est justement parce que chacun y met une telle charge
symbolique que le problème des divorcés remariés génère autant d’intérêts et de
passions, bien au-delà même des cercles de catholiques pratiquants.
le couple, lieu de sanctification
D’une certaine manière, on pourrait dire que la pastorale du
mariage menée par l’Église depuis cinquante ans, a « trop bien »
marché. En effet, jusqu’au XIXe siècle, l’Église le considérait comme une
forme de « péché autorisé », la moins mauvaise manière d’assumer une
sexualité alors vue comme intrinsèquement mauvaise: la seule sainteté de vie
était celle du célibataire religieux consacré…
Mais depuis la seconde moitié du XXe siècle, cette même
Église, sous l’influence de mouvements de spiritualité comme les Équipes Notre
Dame en France, a fait du couple lui-même un lieu de sanctification,
d’épanouissement spirituel et religieux. Elle a ainsi accompagné – encouragé? –
à sa manière l’évolution romantique du mariage, qui d’une institution chargée
de garantir les droits de chacun et des enfants est devenu un lieu d’amour
idéalisé.
D’où cette situation contradictoire aujourd’hui: d’un côté, un
mariage surinvesti par l’Église, et souvent lourd à porter pour les couples
catholiques eux-mêmes, à qui l’on demande d’être « parfaits », au
prétexte que le mariage est le signe sacramentel de l’alliance entre Dieu et
les hommes. De l’autre, l’incapacité d’accueillir d’autres couples, qui se
sont formés après un premier échec. Alors que, paradoxalement, c’est justement
parce qu’ils considèrent que le mariage est important qu’ils réclament pour
cette seconde union la reconnaissance de l’Église…
Le prophète Osée
Au fond, la première chose à faire, pour discuter du mariage, c’est
peut-être de le descendre du piédestal où on l’a élevé ces dernières années. On
notera que le seul mariage que la Bible prenne explicitement comme symbole de
la rencontre de Dieu et de l’humanité est celui du prophète Osée avec sa femme
qui se prostitue… Bien loin, donc, des images idéalisées de mariés en blanc et
en queue-de-pie!
Le christianisme est une religion qui a choisi l’humain
pour révéler Dieu. De ce point de vue, il n’y a sans doute pas d’équivalent au
sacrement du mariage. Mais justement, il s’agit bien de l’humain, et donc qui
se construit à travers les blessures, les échecs, les transgressions. Humain,
c’est-à-dire qui peut aussi mourir…
Isabelle de Gaulmyn
La Croix 10/10/2013
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