Les diacres permanents
La Croix 12 avril 2008
Remis à l’honneur dans l’Église
catholique par Vatican II, le diaconat est un ministère au service de la
Parole, de la liturgie et de la charité. Ces «ministres du passage » sont
aujourd’hui 2 061 en France
Qu’est-ce
qu’un diacre ?
Mais le plus
souvent, c’est la communauté chrétienne qui sollicite le futur diacre, au
regard des besoins du diocèse et de ses aptitudes. On parle alors d’«
interpellation ».
Dans la
tradition catholique, le diacre (du grec diakonos , serviteur) est ordonné
pour aider l’évêque et les prêtres à veiller sur les membres de la communauté,
en particulier les plus démunis, tout en contribuant au service de la Parole de
Dieu et aux sacrements (baptême, mariage). Dans les Actes des Apôtres (6,
1-6), les Douze choisirent sept hommes « de bonne réputation, remplis de
l’Esprit et de sagesse » , à qui ils imposèrent les mains et confièrent
pour mission le soutien des pauvres. Dans les premiers siècles de l’Église, le
ministère diaconal occupa une place importante en Occident, avant de
disparaître peu à peu. Il faudra, côté catholique, attendre Vatican II
(1962-1965) pour voir rétablir le diaconat comme un état permanent (1).
On parle de
diacre « permanent », pour le distinguer du diacre destiné à devenir prêtre. Lors
de son ordination, le diacre reçoit une lettre de mission de son évêque, pour
un temps déterminé et dont le contenu peut être réévalué. Son objectif est de
définir son ministère et d’en préciser les modalités d’exercice. Le diacre est
affecté à un secteur particulier, souvent celui dans lequel il évoluait avant
son ordination : monde de l’entreprise, service des jeunes ou des personnes
âgées… Il est également invité à prendre part à la vie de sa paroisse : rôle
dans la liturgie (voir infographie ci-contre), participation éventuelle
à l’équipe pastorale, etc. Il peut aussi se voir attribuer la responsabilité
d’un service diocésain. Les diacres d’un même diocèse se retrouvent parfois au
sein d’une fraternité, lieu de communion, de prière et de soutien qui les aide
à mener à bien leur mission.
Qui peut
devenir diacre ?
Les
conditions sont définies dans le Code de droit canonique et spécifiées par les
Conférences épiscopales. À ce jour, l’accès au diaconat concerne des hommes
baptisés. Ceux qui sont mariés doivent avoir au moins 35 ans et compter au
moins dix ans de mariage au moment de l’ordination ; de plus, leur épouse doit
donner son accord, car l’Église veille à ce que l’équilibre de vie des familles
soit préservé. Les candidats célibataires doivent avoir au moins 25 ans au
moment de l’ordination. Un diacre célibataire s’engage à le rester, celui qui
est marié à ne pas se remarier s’il devient veuf (dans certains cas, des
dispenses peuvent être accordées). Toute personne peut, d’elle-même, présenter sa
candidature au discernement de l’Église.
Comment
accède-t-on à ce ministère ?
Un temps de
discernement individuel est d’abord proposé pour accompagner un candidat dans
sa réflexion. Cette période dure en moyenne un an, mais peut varier selon les
diocèses. Suivent une à deux années de réflexion au sein d’un groupe de
recherche: cette expérience collective permet au candidat de se familiariser
avec la vie diocésaine et de mieux découvrir les fondamentaux de l’Église (doctrine,
sacrements…). Il est également invité à approfondir sa vie spirituelle, à
s’assurer que ce ministère correspond bien à son appel.
À l’issue du
discernement, la formation peut commencer. Elle dure en général quatre ans.
Des cours sont dispensés le soir ou le week-end, pour s’adapter aux contraintes
professionnelles et familiales. L’objectif est de faire progresser le futur
diacre non seulement humainement et spirituellement, mais aussi au plan
théologique et pastoral. Au terme de la formation, il demande par écrit son
ordination à l’évêque. Celui-ci l’appelle alors officiellement, lors de la
cérémonie de l’admission. Une dernière étape est encore nécessaire : la
réception des ministères institués de lecteur et d’acolyte. Six mois plus tard,
le diacre pourra être ordonné.
Quelle est la
réalité du diaconat aujourd’hui ?
« Nous sommes
des ministres du passage, estime Yves
Marcilly, diacre depuis 1991 et secrétaire du Comité national du diaconat.
En effet,
nous nous engageons là où nous sommes, ce qui nous amène bien souvent à servir
de “passerelles” entre les personnes que nous côtoyons et l’Église.» Nombreux sont les diacres à témoigner
de la bienveillance, voire de la fierté de leurs collègues à l’égard de leur
vocation. Ancré dans le monde, le diacre continue à assumer ses activités
associatives, syndicales ou politiques… «Ainsi, il peut arriver que certains
s’étonnent que le diacre soit parfois absent des assemblées dominicales,
remarque Yves Marcilly. Ses engagements extra-paroissiaux ne sont pas
toujours bien compris. Pourtant, le diacre n’est pas là pour pallier le manque
de prêtres. » À bien des égards, le diaconat cherche encore ses marques,
comme le montrent de récentes études (2).
Deux conceptions différentes du ministère diaconal coexistent dans l’Église.
L’une le considère comme service de la charité et de la solidarité, tandis
qu’une autre valorise sa dimension pastorale (prédication, baptêmes et
mariages…) Or, si le diacre est ordonné pour l’annonce de la Parole, le service
de la liturgie et de la charité (agapè), c’est bien « le service de l’agapè
qui est l’aspect unificateur et dynamisant du diaconat » (3).
FRANÇOIS-XAVIER MAIGRE
La Croix samedi 12 avril 2008
(1) Concile Vatican II, Lumen
gentium, n° 29.
(2) Ainsi Le Diaconat permanent , sous la dir. de Bruno Dumons et Daniel
Moulinet (lire La Croix du 5 juillet 2007).
(3) Assemblée des évêques de France, 1996.