Témoignages de conversion

 

Pourquoi et comment leurs vies ont changé

 
Trois personnes d’horizons divers racontent comment elles ont rencontré ou retrouvé le Christ

 

Des moments de purification

Jenny Schuler, 32 ans

 

« Ma conversion fut un long processus, qui a démarré quand une amie m’a invitée à la messe : je l’ai suivie par curiosité. J’ai alors commencé à lui poser des questions et à l’accompagner lorsqu’elle allait se recueillir. J’ai continué seule pendant deux ans : j’allais prier à l’église tous les matins avant la fac, mais je ne savais pas ce que ça voulait dire. Après ma licence, j’ai débarqué aux JMJ de 1997 avec un groupe de jeunes, sans trop savoir ce qui m’attendait. Lors d’une catéchèse, j’ai entendu cette parole d’Isaïe : “Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime.” C’est à cet instant qu’a eu lieu ma rencontre avec le Christ, et j’ai fondu en larmes. J’étais bouleversée et ne comprenais pas. C’était la première fois qu’on me disait que j’avais du prix. Et que les gens m’acceptaient telle que j’étais.

L’année suivante a été une année d’euphorie, comme lorsqu’on tombe amoureux, avec l’envie permanente de prier et de chanter. Après vinrent des moments de purification. En soi, l’existence de Dieu ne m’a jamais posé problème, davantage le fait d’être aimée. Dès que je rencontrais une épreuve, cette question revenait sur le tapis. Les moments de doute sont inévitables, mais Dieu me donnait la force de tenir. Comme partie pour une longue randonnée, je me disais : “Je suis allée trop loin pour faire demi-tour.” Douze ans après, Dieu garde la première place, vitale dans une maturation de la foi. Un jour, quelqu’un m’a dit : “Vous avez l’air heureuse, ça donne envie.”

 Passé l’euphorie des lendemains de conversion, je crois qu’être chrétien, c’est cela : par notre témoignage de vie, donner envie. »

 
 Je suis toujours frappé par la fraîcheur du Christ

Roland Nadaus, 63 ans, ancien maire socialiste de Guyancourt, poète ( Je ne tutoie que Dieu et ma femme, 1992)

 

  « Dans le milieu anarchiste où j’ai grandi, la religion n’était pas bien vue. C’est une dame, qui employait ma mère pour des ménages, qui m’a fait découvrir la vie paroissiale. Alors que j’étais enfant, j’ai rencontré l’abbé Morin, un type formidable. Avec lui, la foi m’est tombée dessus. Dans la famille, on a commencé à me surnommer “le curé”. Je ne manquais ni la messe, ni les vêpres. Communiant précoce, enfant de chœur assidu, j’ai même envisagé d’entrer au séminaire ! Mon choix s’est finale­ment porté sur l’École normale d’instituteurs. Chaque samedi, je me confessais. Mais l’abbé Morin a fini par tomber malade. M’ayant écouté, le prêtre âgé qui l’avait remplacé énonça une sentence qui me laissa sans voix : dix tours d’église, à chaque statue, une prière… Aucune parole de réconfort. Déçu, j’ai rompu tout lien ecclésial.
  La foi ne m’a pourtant jamais quitté. Je suis resté fidèle à la lecture de la Bible. Plus tard, devenu maire, j’ai eu la chance de me lier avec des hommes d’Église qui ont changé mon re­gard sur l’institution. Autre rencontre décisive, dans les années 1970, avec la figure de sainte Thérèse de Lisieux, dont les manuscrits m’ont bouleversé. Et voilà qu’après quarante ans de mutisme liturgique, le P. Jean-Claude Guitel, curé de Guyancourt et aumônier de la prison de Bois-d’Arcy, devenu un ami, a fini par me confesser. J’ai eu le sentiment de rentrer au bercail, où le Berger m’attendait. Tel l’enfant prodigue accueilli par son père. Je suis toujours frappé par la fraîcheur du Christ. »

 
 J’ai pu mettre un nom sur qui j’étais

 Djamilla, 37 ans

 

« Je suis née en France de parents algériens. Ma mère est très croyante. Mais sa pratique de la religion musulmane a toujours été discrète. Mon père a voulu que nous ayons une éducation laïque imprégnée des valeurs judéo-chrétiennes françaises, afin que nous réussissions dans la vie. À l’adolescence, j’ai vécu une quête d’iden­tité compliquée. Je vivais à l’occidentale, ac­ceptais que des copains me raccompagnent à la maison, ce qui, aux yeux de mon père, était synonyme de débauche. C’est alors qu’il a voulu que je devienne une jeune fille sérieuse musul­mane. Je ne savais plus qui j’étais. Je ne croyais pas en Dieu, qui ne représentait rien pour moi. Et d’une certaine manière, je me sentais davan­tage bretonne et chrétienne que musulmane. De temps en temps, j’entrais dans une église pour me confier à Marie. C’était mon jardin secret. Je portais aussi une croix autour du cou, et des boucles d’oreilles en forme de croix. Je sentais que mon identité et mon âme étaient là. Mais sans savoir comment me trouver.


  Dans mon travail, j’ai rencontré une collègue qui se préparait au baptême. Je lui ai dit que j’aimerais moi aussi être baptisée. Elle m’a sug­géré d’en parler au prêtre de ma paroisse. Ce que j’ai fait. Peu à peu, tout ce qui me touchait – par exemple l’esprit de Noël – a pris un sens. Et un jour, lors de la fête de l’Immaculée Conception, je suis arrivée au Christ. Depuis, Il est devenu le centre de tout. J’ai été baptisée à Pâques 2006. Ma mère était là, car pour elle, une église est un lieu saint. Ma foi nous a rapprochées. Je ne me suis pas convertie : j’ai pu mettre un nom sur qui j’étais. Pour moi, tout commence. »

 RECUEILLI PAR MARYLINE CHAUMONT, FRANÇOIS-XAVIER MAIGRE ET MARTINE DE SAUTO

La Croix Samedi 24 janvier 2009